Si vous tournez régulièrement sur les forum d’arts martiaux, facebook, ou autre média social, vous aurez sûrement rencontré un individu qui vous prouvera que son Sensei est meilleur que le votre. Souvent l’individu est encore « jeune » dans l’école mais persuadé de sa bonne foi. Il arrivera même à vous placer dans cette situation en vous titillant et que, lassé des argumentations farfelues, vous vous laissiez avoir, enclenchant le bouton magique « Le mien est meilleur que le tien ».
Vous ne perdez pas votre temps sur internet ce qui vous préserve de ces enfantillages ? Bien (mais vous lisez tout de même mon blog n’est-ce pas ?). Ne vous croyez pas épargné, rivalité entre dojo, entre maîtres, guéguerres fédérales, etc… On revient souvent au même problème (Ne touche pas à mon sensei/école/style, c’est le meilleur), et cet individu, cela a aussi souvent été « vous/nous ».
Mais reprenons au début. Voilà vous vous êtes décidé à démarrer les arts martiaux soit parce que vous avez vu une démonstration à une association de quartier, soit parce que vous avez vu des vidéos sur internet, ou encore un film… Les raisons peuvent être nombreuses (Bruce Lee fut sûrement en tête de liste à une époque) et changent au fil de la pratique. Mais quoi qu’il arrive, à un moment donné, il vous a fallu entrer en contact direct avec le professeur et ses élèves. Dans la majorité des cas, on commence à pratiquer à côté de chez soi, parce qu’on n’y connait pas encore grand chose (et ce que l’on croit connaitre est souvent erroné). Donc au détour d’un prospectus, d’une recherche dans le défunt bottin, on pousse les portes du club à côté de chez soi.
La première fois c’est sûrement un temps chargé d’émotion, la tension de plonger dans un univers qui n’est pas familier : d’autres rituels d’autres règles… Mais c’est surtout une rencontre, entre vous et le professeur, son approche de la discipline, sa façon de tenir le groupe et l’ambiance qu’il y insuffle. Peut-être que vous ne le remarquerez pas consciemment, mais un feeling vous dira de rester ou de partir (à tort ou à raison). Ce choix est-il basé sur une expertise du domaine ? Rarement : vous venez pour apprendre.
Parfois la rencontre de votre prochain professeur ce fera autour d’un stage, ou démonstration, ou un événement que vous n’aviez pas prévu. Les mythes des arts martiaux regorgent d’histoires sur cette fameuse rencontre, le pratiquant incapable de saisir ce que lui fait le professeur et convaincu sur le champ que c’est la voie qu’il souhaite suivre… Oui cela arrive, mais plus généralement, il s’agit d’atomes crochus entre l’élève et l’enseignant, le « courant passe » (et la discipline enseignée semble plaire à l’élève).
Certains auront de nombreux professeurs au cours de leur vie, pour d’autres moins, voire juste des influences. A moins de beaucoup voyager (qui a dit que j’avais un compte chez Air France ?…), ces multiples rencontres sont rendues possibles par la diffusion très large des arts martiaux (et on doit pour cela remercier des gens aussi divers que Bruce Lee, Jigoro Kano, Kisshomaru Ueshiba, la famille Gracie, mais aussi chaque pionnier national ou encore le sport – à la fois incubateur et destructeur des arts martiaux – etc…). Le nombre a permis de multiplier ces opportunités de par le monde alors qu’il était courant pendant les années 50 à 80 de se rendre au Japon comme un pèlerinage initiatique à la recherche du Maître.
A moins d’y voir une sorte de destinée, ces rencontres sont donc le fruit du hasard (heureux la plupart du temps), parfois guidé par notre curiosité d’aller voir plus loin, mais guère plus éclairé. Ce voyage à la fois personnel par ses étapes, et par ses affinités, devrait nous amener à relativiser le genre d’absolutisme qui a débuté ce billet.
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