Le Mitori geiko est un aspect fondamental de l’apprentissage des arts martiaux. Il vient de Mitoru : percevoir / observer et keiko : l’entrainement. Il s’agit donc d’observer l’entrainement plutôt que de travailler soi-même – observer plutôt que faire.
Le mitori geiko est notamment pratiqué lorsqu’une blessure empêche un élève de s’entraîner. Le pratiquant peut alors observer l’entrainement et essayer de percevoir le geste par l’observation. C’est en soi une excellente technique pour progresser et acquérir la forme extérieure. L’observateur actif peut alors se concentrer pour percevoir les détails qu’il aurait pu rater lors de la pratique.
Le mitori geiko intervient aussi tout au long du cours. Lorsque le professeur montre la technique, l’élève essaie de percevoir le geste et ses effets sur le partenaire : il pratique aussi à ce moment le mitori geiko. En aikido on entend souvent que les anciens devaient « voler la technique », c’est à dire observer le maître et s’approprier sa technique par une perception indirecte.
Mais pour que le mitori geiko soit profitable il faut savoir percevoir et être prêt à recevoir ces informations. Il faut « vider sa tasse » pour reprendre une expression connue, ne pas encombrer notre esprit avec de nombreuses questions qui nous distrairont de ce qu’il y a à percevoir. Je me dis souvent que trop de questions noient finalement l’objet de l’interrogation. Une bonne pratique du Mitori geiko limite les questions car l’élève se concentre à percevoir et comprendre le mouvement plutôt que de demander que l’on le lui explique (qui amène de nouvelles questions mais réduit l’assimilation de la gestuelle).
Ne vous méprenez pas, je trouve les questions importantes et elles peuvent permettre de débloquer certains paliers de progression. Mais une accumulation de questions peut masquer (pour l’élève lui-même) une incapacité à assimiler l’information ou la percevoir – il est « trop tôt » et finalement les réponses resteront des constructions purement intellectuelles. Le mitori geiko, lorsque l’on s’oblige à le pratiquer, élimine des questions parfois inutiles mais surtout affine les questions pour ne plus formuler qu’une ou deux interrogations utiles à ce moment de notre progression.
Néanmoins le mitori geiko n’est pas simple : on ne peut percevoir que ce que l’on est à même de percevoir. Lorsque l’on débute on regarde (sans vraiment voir) les grandes étapes d’un kata, lorsque l’on progresse on perçoit les différents mouvements, et si notre capacité de perception (entraînée elle-même par le mitori geiko ET la pratique) est suffisante, nous verrons des détails.
Au delà de la surface, il n’est pas non plus suffisant : lorsque les techniques sont appliquées de telle façon à ce que l’adversaire ne sente pas et ne comprenne pas ce qui lui arrive, rien ou si peu est détectable de l’extérieur. Le Mitori Geiko atteint alors sa limite, il ne permet pas de « sentir » la partie interne, on n’en perçoit aux mieux que les effets. Il faudra alors absolument recevoir soi-même la technique (ukeru – 受ける) pour déceler ce qui se passe et comment l’effet est produit.
Alors la prochaine fois que votre professeur démontrera la technique, gardez l’esprit disponible – laissez vos questions temporairement de côté – observez chaque détail de la technique, essayez d’en percevoir les principes, pratiquez le mitori geiko ! Puis reproduisez la technique avec le maximum de précision avec votre partenaire. Si vous en avez l’opportunité (c’est-à-dire si votre professeur vous le propose ou vous prend comme uke / uchitachi), ressentez directement la technique. Vos interrogations deviendront plus pertinentes après le mitori geiki, la pratique avec partenaire et la réception directe de la technique.
[…] Mitori geiko […]
[…] qu’ils peuvent ce que propose l’enseignant. C’est le mitori geiko principal (comme souligné par ailleurs), suivi immédiatement par une mise en pratique de ce que l’on croit avoir compris. Se […]
A reblogué ceci sur Nadameteet a ajouté:
Avoir des yeux et s’en servir. Article de ndelalondre « Sur les pas de Mars »