
NAMT 2016 – démonstration de Takamura ha Shindo Yoshin ryu – photo Thomas Taragon
Pour le pratiquant lambda se pose parfois l’intérêt de pratiquer auprès d’adeptes ayant atteint un haut niveau… Kuroda sensei, Threadgill sensei, sont des noms qui reviennent régulièrement quand on parle d’un tel niveau. Loin d’atteindre leur capacité, le pratiquant peut se demander ce qu’il pourra retirer d’un tel écart, et que finalement il lui suffira bien de suivre l’enseignement d’un élève moins avancé dans la voie.
Notre hypothétique pratiquant a raison en un sens. Pour progresser il n’a pas besoin au quotidien d’un tel niveau de référence, des professeurs qualifiés peuvent lui faire assimiler les premières étapes du travail, répéter et corriger ses mouvements jusqu’à obtenir l’utilisation voulue du corps. Il ne s’agit certes pas de se tourner vers un quasi-débutant (un 1er Dan par exemple… Qui n’est vraiment que le début de la pratique) mais vers un professeur apte à le faire progresser (en TSYR, chaque partie du curriculum est sanctionnée par une licence d’enseignement assurant la qualité de la transmission).
Néanmoins, notre pratiquant se trompe aussi. Pour savoir ce qu’il doit essayer d’atteindre, acquérir ET vouloir dépasser, il faut en premier lieu qu’il le ressente lui-même. Il n’y a pas de miracle: il devra soit aller au cours de cet adepte de haut niveau soit à un stage qu’il supervise (… Si ce dernier passe faire ressentir la technique à chacun ! Dans le cas contraire on a juste une version améliorée de la vidéo…). Il va devoir ressentir la technique de première main; c’est ainsi que j’ai commencé mon aventure en TSYR, rencontrant Tobin Threadgill lors d’un stage public en Serbie (2011). Certains eurent l’occasion de le découvrir en France (voir notamment un article récent du blog Budo Musha Shugyo : Incertitude et liberté : faculté d’adaptation au coeur des budos). Et dans un futur proche d’autres encore pourront le rencontrer puisqu’il viendra donner un stage ouvert au public à Osny le dimanche 11 mars 2018.

Kuroda sensei, un adepte d’exception – photo Aiki-kohai
Si notre pratiquant poursuit dans cette voie (ce qui fut mon cas), il lui faudra autant que possible chercher ce contact : profiter des stages pour se faire corriger de petits détails qui changent totalement notre manière d’utiliser le corps. Il reviendra au quotidien pratiquer auprès de son enseignant fort de ces nouvelles corrections et affinera son travail sous sa direction.
Dans un enseignement structuré comme en TSYR, la répétition des contacts avec la tête de l’école est primordiale car modifier ou optimiser la manière d’employer le corps est un travail long nécessitant finesse et corrections venant d’une personne ayant atteint un tel niveau. Il est aussi nécessaire que les enseignants certifiés puissent poursuivre leur progression en suivant au final le même chemin que notre pratiquant lambda mais en étant plus avancés sur cette voie.
Vous l’aurez compris, il est à mes yeux indispensable à un élève qui souhaite vraiment découvrir les principes qui rendent certains mouvements « magiques » ou « faux » d’aller régulièrement puiser ces sensations et ce savoir auprès de ceux qui ont atteint ce niveau d’exception – et je ne parle pas là de choses mystiques, mais uniquement d’une modification fine de l’utilisation du corps rendant ces démonstrations improbables aux yeux du néophyte… Et combien enrichissante auprès de celui qui reçoit la technique.

Photo Aiki-kohai. Dans son article sur le 7e aiktaikai et la venue de Threadgill sensei, aiki kohai sous-titra cette photo « la prise magique », travail sur saisie où sensei demanda à tout le monde de s’approcher pour percevoir les détails, et proposa aux pratiquants de sentir la technique auprès de lui.
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