Au Tesshinkan à Osny (Val d’Oise), nous pratiquons le sabre de l’école Takamura ha Shindo yoshin ryu. On m’a demandé récemment en quoi la pratique du sabre y différait de celle de l’Aikido voire du Kendo, beaucoup plus répandue.
Chaque école d’Aikido porte plus ou moins d’importance à la pratique du sabre, allant de l’inexistence, à la pratique annexe ou une présence presque à parts égales avec le travail à mains nues. Lorsque cette pratique est intrinsèque à l’Aikido (souvent appelée Aikiken) et non une école externe à l’Aikido, elle est souvent plus une mise en application des principes de l’Aikido qu’une école de sabre à part entière, l’arme venant alors éclairer la pratique à mains nues. C’est à mon sens un excellent outil de l’Aikido.
En ce qui concerne le Kendo, il s’agit d’une pratique sportive où le sabre a été remplacé par un sabre en bambou (shinai). Le port d’une armure et l’emploi du shinai permettent des assauts aux contacts vigoureux.
Le Kendo est issu du Gekiken, une pratique d’assauts avec protection employée dès 1820 dans le style Hokushin Itto-ryu. Le terme Gekiken fut changé en Kendo en 1920. Banni en 1946 par les forces occupantes, il redeviendra public en 1950-52 non plus comme un art martial mais comme un sport martial à but éducatif. Le Kendo développa un style spécifique assez différent de l’escrime de duel ou celle des champs de bataille. Il est aussi considéré comme un gendai budo (budo moderne tel le judo ou l’aikido).
Bien que présents sous forme de séquences normalisées, les kata ne sont pas l’outil principal d’apprentissage au Kendo à la différence du kenjutsu venant des koryu (anciennes écoles). Le Kendo est très pratiqué au Japon, notamment au sein de la police pour son travail mental, mais il reste moins présent en France. Il ne comprend pas de dégainage, de désarmement ou de lutte au contact de l’adversaire, se concentrant sur l’attaque en un coup d’une des cibles permises. Par analogie, on pourrait assimiler la différence technique entre Kendo et Kenjutsu, à celle qui existe entre escrime occidentale historique et escrime sportive moderne.
Match de Kendo
La pratique au Tesshinkan comprend des exercices à 2 au sabre en bois (kumitachi), du dégainage d’habikito (sabre en métal à lame non coupante), des exercices de désarmement au sabre et de contre-désarmement, s’appuyant sur les mêmes principes techniques. La pratique repose sur l’étude et la répétition de kata qui ont été transmis de génération en génération, permettant d’assimiler des stratégies et tactiques d’une époque révolue (celle où le sabre était employé sur le champ de bataille, en duel civil ou encore dans des situations de self-defense urbaine à l’époque Edo).
Plusieurs kata de dégainage de l’école Takamura ha Shindo Yoshin ryu
L’école est influencée par le Jikishinkage ryu par l’intermédiaire du célèbre escrimeur du XIXe siècle, Kenkichi Sakakibara (voir mon article). Kenkichi Sakakibara fut connu dans tout le Japon pour son escrime offensive et pour sa popularisation du Gekiken (assaut avec protections). A 57 ans, il réussît l’exploit (toujours valable de nos jours) de couper un casque de métal sur 17 cm de profondeur.
L’école reçoit aussi les apports de l’école Matsuzaki shinkage ryu de Namishiro Matsuzaki, notamment pour son iaijutsu (dégainage du sabre).
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Pour pratiquer : la page du Tesshinkan et celle de contact.
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