L’interne (arts martiaux internes, puissance interne, force interne…) a le vent en poupe ces dernières années. On rencontre de plus en plus souvent le terme « interne » (peut-être que son cousin « structure » vous parle-t-il plus ?) en Aikido, peut-être par un écart entre les capacités de son fondateur (Morihei Ueshiba) et ce que nous connaissons comme l’Aikido aujourd’hui. Quelque chose a-t-il été perdu en route ? Si oui, peut-on le retrouver et comment ?
Pour aborder ce sujet, je vous propose la (longue) traduction d’un essai très documenté d’Ellis Amdur, auteur des livres Traditions martiales (en français), « Dueling with O-sensei: Grappling with the Myth of the Warrior Sage » et « Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power ».
Une étude de l’Aikido dans le cadre de l’entrainement interne (révisé).
Par Ellis Amdur.
Article original : http://members.aikidojournal.com/public/a-consideration-of-aikido-practice-within-the-context-of-internal-training-by-ellis-amdur-2/, avec les permissions de Stanley Pranin et Ellis Amdur pour la traduction.
« Un entrainement de haut niveau nécessite des gens de haut niveau, et des compétences de haut niveau ne seront acquises que par une petite élite »
Cet essai a déjà été publié : à l’origine , dans une forme un peu différente , sur Aikido Journal et dans sa forme actuelle sur AikiWeb.
Note de l’auteur : Je ne suis pas un aïkidoka. J’ai officiellement quitté le dojo Kuwamori en 1978. Mais avant cela, je me suis entraîné bien plus de 7500 heures dans l’ art – sur le tapis, sous la tutelle de quelques-uns des meilleurs professeurs d’aïkido vivants. Je dois énormément à l’aïkido, car il m’a conduit à un certain nombre d’autres choses, et en raison de son caractère particulier, je n’ai jamais cessé de penser à lui, écrit à ce sujet, et, paradoxalement, travailler dessus. Au fil des ans, certains dojos m’ont invité à enseigner des stages, croyant que ce que j’ai appris dans l’aïkido, renforcé par une étude plus approfondie dans divers arts au cours des 35 dernières années, me laisse avec quelque chose à offrir.
Je suis d’avis qu’aucun art martial n’est meilleur qu’un autre, mais pas pour les raisons que certains pourraient penser. Certains arts martiaux sont clairement, incontestablement, meilleurs pour les combats, au moins dans certains contextes, et certains arts martiaux sont beaucoup plus adaptables quand ils sont appliqués dans un contexte différent. Chaque art martial est bon pour ce qu’il a été prévu, et tout ce pourquoi il est bon est ce pourquoi il a été fait. Considérez ceci: dans le japon d’avant-guerre, les joueurs professionnels de sumo étaient, en moyenne, probablement les plus difficiles, les plus redoutables combattants à mains nues. Pendant la seconde guerre mondiale, ils étaient principalement utilisés comme animaux de trait, comme des ânes ou d’autres bêtes, pour transporter des objets lourds le haut des collines.
A la fois lorsque j’enseigne l’aïkido, et quand j’essaie de résoudre un problème dans le contexte de l’aïkido, mes pensées aboutissent à ceci: que j’aime ou n’aime pas, que je souscrive à la méthode ou pas, quand je suis dans la maison de quelqu’un, je dois respecter cette maison. Ma critique doit donc prendre en compte les fondations sur lesquelles la maison est construite. Si j’ai quelque chose de «l’extérieur» pouvant contribuer à l’aïkido, je dois me demander comment je peux m’efforcer de le faire avec respect. Du point de vue martial, certaines personnes traités avec mépris ou condescendance vont vous tuer, et d’un point de vue humain, l’homme ou la femme martiale deviennent malades. Cet essai a été écrit dans cet esprit.
Il a ensuite appris le Daito-ryu de Sokaku Takeda, devint son disciple pendant de nombreuses années, et a reçu un menkyo kaiden [ Ueshiba a effectivement reçu le kyoju dairi ou » la certification d’instructeur « ] et la position du remplaçant du maître Takeda Sensei. Depuis, il a étudié dur pour absorber l’essence des différentes écoles d’arts martiaux et maîtriser des mouvements à mains nues ultra-rapides (taijutsu) contre les armes, les armes militaires et armes à feu modernes pour créer sa propre école unique. Il est la figure proéminente dans le monde moderne des arts martiaux traditionnels japonais…. Il a combiné les techniques martiales traditionnelles avec l’ancienne religion mystique japonaise du shintoïsme pour créer sa propre nouvelle école d’ arts martiaux des Kami pour le bénéfice et la gloire de l’Empereur. »
Hisa , Takuma 1942 [1]
Puis il a dit: « Avant de partir, y-a-t-il quelque chose que vous souhaitez me demander ? » Alors je lui ai simplement dit: « O-Sensei, qu’est-ce que l’aïkido ? » Il a répondu en disant : « Eh bien, permettez-moi de vous l’écrire et un jour, vous pourrez le lire et le comprendre » ce qu’il a écrit étaient les mots: « l’entrainement intellectuel, l’entraînement physique, l’entrainement aux vertus, l’entrainement au ki – ceux-ci produisent une sagesse pratique. » Il a ajouté que cela ne marcherait pas si un seul de ceux-ci était manquant, que l’absence de l’un d’eux rendrait le tout à néant et rendrait le développement global de quelqu’un inévitablement lent. Il faut, me dit-il, toujours maintenir un équilibre harmonieux entre eux.
Entretien avec Mariye Takahashi, Aikido Journal n°120
Mes premières rencontres avec le sujet de l’énergie interne
Entraînement
Comme je l’ai écrit ailleurs, [2] ma première vision de l’aïkido m’a frappé comme un coup de tonnerre venant de l’au-delà : d’abord parce qu’il semblait offrir une vision morale, apparaissant comme un mode de résolution des conflits, d’autre part, il semblait possible que grâce à la pratique de l’aïkido, on pouvait peut-être acquérir un pouvoir quasi surhumain. Ces deux «promesses» semblaient être prouvées par des récits de la vie et les paroles traduites, ainsi que des photos et des films, du sage-guerrier, Morihei Ueshiba. Cela m’a amené à cinq ans d’entrainement de six heures par jour en moyenne, ainsi qu’une période de ma vie sur le tapis du Bond Street Dojo à New York City. Cependant, même si j’ai rencontré quelques artistes martiaux sans pareil, tant en Amérique qu’au Japon, aucun de ceux que j’ai personnellement rencontrés n’affichait le type de pouvoir qui a été attribué à Ueshiba, appelé en japonais par des termes tels que nairiki, kokyû-ryoku ou aiki, et en anglais comme « internal strength » (NDT : force interne). Même si beaucoup de ces Shihan étaient des artistes martiaux beaucoup plus qualifiés que je ne le serais jamais, l’ensemble de leurs techniques était «physiquement compréhensible»; ils étaient tout simplement meilleurs athlètes et, dans certains cas, de meilleurs combattants que je n’étais, le même niveau que des judoka et kickboxers de haut niveau que j’ai ensuite rencontrés et avec qui je me suis entrainé.
J’ai rencontré les enseignements de Tohei Koichi, et me suis entrainé à son dojo à Honolulu. Cependant, ses quatre principes fondamentaux semblaient, à l’époque, être simplement des façons de se détendre pour permettre l’écoulement du « ki » qui, dans toutes les discussions que j’ai entendues, était comme une sorte de « fluide énergique » que l’on dirige selon sa volonté dans le corps. Je n’ai jamais rencontré Tohei (peut-être ma perte), mais en tout cas, je n’ai rien trouvé d’exceptionnellement différent des autres enseignants d’aïkido parmi les ténors de ses disciples que j’ai rencontrés, ni personne semblant offrir un entrainement qui donnerait un moyen d’acquérir ce genre de pouvoir, même au quartier général de l’aïkido. Finalement, j’ai rencontré Osawa Kisaburo et j’ai officiellement démissionné de mon entrainement en aïkido et me suis concentré sur d’autres arts martiaux. [3]
J’ai eu plus tard la chance de rencontrer plusieurs enseignants parmi les artistes martiaux chinois qui avaient des niveaux très élevés en entrainement interne. Je ne sais pas si ce qu’ils faisaient était la même chose qu’Ueshiba, mais je savais que c’était remarquable. La force interne n’était pas simplement une question de légende ou des histoires fantastiques : c’était réel. Parmi les premiers était Wang Shu Chin. J’ai vu Wang, alors en phase terminale d’un cancer, faire tomber au sol un champion de karaté Kyokushinkai en entrant à l’intérieur de son attaque et en le serrant. L’ homme est tombé, désarticulé, une respiration sifflante pour tout souffle. (Maintenant, en regardant des films de Wang, je peux voir l’onde de force voyageant à travers son corps détendu depuis ses pieds, amplifié par sa colonne vertébrale. De plus, l’observation attentive de ses jambes montre que ce « punch du ventre » était juste une autre version de ce qui est considéré comme la plus puissante technique de xingyi ch’uan, appelée Beng Chuan, son ventre remplace le poing que nous voyons habituellement dans cette technique) [4]. Tout ce qu’il semblait enseigner, cependant, était une forme de tai-chi que, sans aucune instruction, nous avons essayé de suivre du mieux que nous le pouvions. Malheureusement, je ne savais pas que les simples exercices d’ « échauffement » avec lesquels nous avons commencé chaque classe étaient en fait le cœur de son talent et de sa puissance, et je n’ai appris que plus tard qu’il les faisait de nombreuses heures par jour. J’ai raté plusieurs autres occasions semblables dans les années qui suivirent. Aucun de ces enseignants n’a explicitement déclaré que « l’entrainement à la puissance interne est fait de « cette » façon », mais avec le recul, ils ont présenté leurs méthodes d’entrainement personnel juste devant moi. Je ne savais pas qu’ils me jetaient un défi, et que si je l’avais relevé, j’aurais été invité « à l’intérieur de la porte » il y a longtemps . Moi aussi, j’ai vécu le phénomène de ne pas voir quelque chose « caché à la vue de tous ».
Comme tout instructeur traditionnel de presque tout art en Chine et au Japon, les enseignants de la force interne ou d’autres techniques d’arts martiaux de haut niveau ne proposent une tel entrainement qu’aux étudiants qui considèrent que tout ce qu’ils font est d’une telle importance qu’ils pratiquent sans cesse, même les exercices triviaux en solo qui semblent fort éloignés des formes et des applications au combat; qu’ils prennent toute déclaration, même les plus obscures ou gnomiques, comme contenant une connaissance essentielle. Plutôt que d’être nourri à la cuillère, vous devez gratter dans la poussière pour ramasser les grains rares qui y sont tombés. Certains en Occident peuvent trouver un tel concept scandaleux, mais ce que j’ai trouvé au fil des ans, c’est que si vous continuez à paraître devant le professeur, de plus en plus nourri par cette nourriture avare, vous pouvez éventuellement faire votre entrée à la table où un banquet attend.
Considérez que, jusqu’à récemment, ces compétences étaient l’équivalent des plans pour un drone Predator ou un « chasseur furtif ». Ils ne seraient offerts qu’à quelqu’un considéré à la fois digne d’intérêt et digne de confiance. Le problème pour beaucoup dans ces milieux traditionnels a été et est que vous pouvez être à moitié affamé avant d’être initié, si cela arrive. Beaucoup finissent tellement démoralisés qu’ils arrêtent. D’autres trouvent des enseignants qui se contentent de garder le vrai repas pour eux-mêmes, en ne jetant que des bribes à leurs élèves, préférant les manipuler afin qu’ils aient des fidèles plutôt que des successeurs. En vérité, beaucoup de soi-disant grands maîtres n’ont plus rien que ces restes à offrir. D’autre part, les gens trouvent les enseignants qu’ils sont censés trouver. Si vous êtes trompé par un enseignant et ne vous en apercevez pas, alors, d’un certain point de vue, vous avez trouvé exactement l’enseignant qui vous convient.
Il fut une fois un monde dans lequel on engageait vraiment une vie dans l’espoir de gagner un trésor, et la sincérité était mesurée par la volonté d’un étudiant à tout risquer pour acquérir ces compétences. Et parmi les choses que l’on risquait il y a le fait que, après avoir tout donné, vous pouviez être mis de côté dans la poussière vous-même. Qu’une telle méthode d’enseignement peut ne plus être adaptée à l’âge actuel ne nie pas le fait que, grâce à elle, génération après génération, elle a créé des artistes martiaux comme Yagyu Tajima no Kami, Takenouchi Hisamori, Takeda Sokaku, et Ueshiba Morihei, des hommes trempés comme l’acier fin, tout à fait différents des hommes de fer, les combattants ordinaires de leur époque.
Un dernier point : la décision finale n’est pas encore prise pour moi de savoir si l’enseignement ouvert produit un grand nombre d’étudiants de haut niveau ou pas. Pour sûr, « l’entrainement de base », que ce soit dans les situations militaires ou civiles, exige une instruction minutieuse, une telle information doit être pour tous. Une formation de haut niveau, cependant, exige des gens de haut niveau, et des compétences de haut niveau ne seront acquises que par une petite élite – ceux qui sont à la fois naturellement talentueux, et obsessivement, toujours engagés. J’ai entendu de plusieurs enseignants qui sont diligents et ouverts, dont certains sont des instructeurs de Koryu et d’autres de méthodologies d’entrainement interne, qui soutiennent l’attitude qu’ils ne cacheront rien, qu ‘ »il n’y a pas de secrets ». Pourtant, chacun m’a dit que bien qu’ils aient beaucoup de gens qui étudient, ils ont seulement un ou deux élèves. Il est possible que, bien que l’enseignant «ouvert» offre un environnement d’entrainement plus agréable et plus supportable psychologiquement, il ou elle peut avoir, à la fin, le même nombre de grands élèves : un ou deux. « Voler la technique » n’est pas seulement quelque chose qu’on a à faire avec un professeur comme Sokaku Takeda ou Morihei Ueshiba, qui montre prétendument une technique qu’une seule fois, celà se produit également avec n’importe quel professeur, parce que l’explication n’est pas l’expérience. Il faut aspirer les compétences à travers les pores, pas les oreilles.
Ma redécouverte de l’entrainement à la force interne
Au cours des dernières années, j’ai redécouvert ce sujet, à la fois par des discussions sur Internet et par le biais de rencontres avec des gens possédant réellement un certain niveau de ces compétences. Une de mes premières rencontres se démarque dans mon esprit : en poussant sur les bras d’un homme indéplaçable dans une (légère) situation de sparring, et de constater que plus je poussais, plus je me retrouvais à me pousser loin sur une tangente, même s’il ne bougeait pas du tout, et puis, au milieu de cela, me sentant tiré vers l’intérieur, et lui m’ayant presque fait s’effondrer ma poitrine – en tout cas ressenti ainsi – avec un coup d’épaule qui a commencé avec nos corps en contact, sans aucun élan perceptible. La première partie semblait tout à fait en harmonie avec la déclaration de Ueshiba à Takeshita Isamu, « l’Aiki est un moyen de réaliser l’harmonie avec une autre personne afin que vous puissiez lui faire faire ce que vous voulez », [5] et la seconde avec sa déclaration souvent citée que « l’Atemi est 90% de l’aïkido ». C’est à ce moment qu’il semblait évident pour moi que la « magie » que Ueshiba faisait était probablement quelque chose d’analogue, sinon identique aux compétences affichées par des experts en arts martiaux chinois. Je ne veux pas dire que Ueshiba faisait exactement la même chose que ces éminents spécialistes comme Chen Feng ou Zhiqiang Xiaowang, pour n’en citer que deux (ces experts affirment que même eux, «cousins» dans la lignée, ne font pas tout de la même façon), mais que tous les principes de base de tout entrainement interne partagent les mêmes critères, se chevauchant dans des proportions différentes en fonction de l’ art. Pour cette raison, et à cause du fait que je vais discuter de l’aïkido pour le reste de cet essai, je vais, à partir d’ici, me référer à l’entrainement interne comme « aiki ».
Une chose à propos de l’aiki : lui seul, ne fera pas une artiste martial fort, pas plus que la capacité de soulever trois cents kilos [6]. Cependant, il offre à l’artiste martial la possibilité d’imprégner toutes les techniques avec une méthode différente pour générer de l’énergie et gérer des forces entrantes. Pour utiliser une métaphore grossière, c’est le changement du mono à la stéréo ou du monochrome à la couleur. En un sens, rien ne change : dans un autre, tout.
J’ai commencé un entrainement dans certaines des méthodes de développement de ces compétences, et j’ai écrit Hidden in Plain Sight : Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power [7]. Dans le livre, j’ai tenté d’élucider les racines chinoises de plusieurs de ces compétences qui sont dans le curriculum de diverses traditions martiales japonaises, pour mettre en évidence les compétences et ressusciter la mémoire d’un Sokaku Takeda souvent décrié, d’établir des preuves claires que Ueshiba Morihei avait de telles capacités, de démêler comment il a enseigné (et comment il ne l’a pas fait) et essayé de comprendre pourquoi il n’avait pas réussi, ou n’avait délibérément pas transmis ces compétences à beaucoup, et à ceux-là, apparemment, seule une partie des siennes. [8]
Coupler la possible faible influence que mon écriture a pu avoir avec les efforts de plusieurs personnes qui ont commencé à enseigner publiquement les méthodes d’entrainement interne comme « compétences génériques », par opposition aux traditions martiales fermées, cela s’est traduit par le départ d’un petit feu au sein de la communauté mondiale de l’aïkido. Permettez- moi d’insister sur le mot «faible». Je parierais qu’il n’y a pas même 500 aïkidokas, peut-être beaucoup moins, participant activement à un programme spécifique pour transformer la façon dont on utilise son corps en ce qui concerne l’expression de la puissance, la redirection de la force dans son corps, etc…
Pourtant, malgré l’importance que quelques 500 personnes pourraient attribuer à ce sujet et le bruit substantiel sur le sujet que quelques-uns d’entre eux font sur certains forums de discussion sur Internet, la plupart des gens dans le monde aïkido ne se soucie pas de ça. Ils aiment l’aïkido qu’ils font déjà – et pourquoi pas? En particulier, l’aïkido semble offrir à de nombreuses personnes, en particulier dans l’Ouest, une résolution presque mythique des problèmes avec un gagnant et un perdant clair où un attaquant est élégamment, et idéalement sans danger, soumis. Nous aspirons tous à trouver un sillon d’or à travers le chaos. [9] Que le monde réel ne fonctionne pas souvent de cette façon, surtout quand il s’agit d’ un conflit physique entre ceux de forces à peu près égales pousse les gens dans deux directions. Les aristotéliciens peuvent se tourner vers des arts martiaux apparemment plus pratiques tels que le muay thai ou les arts martiaux mixtes (mma), alors que les platoniciens croient tout simplement qu’ils ont besoin de pratiquer plus d’heures d »aïkido qu’ils ne le font, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’archétype de l’art. [10]
L’idée de la résolution des conflits est l’un des fondements de base d’arts martiaux d’Asie orientale. Beaucoup de traditions martiales, développées de nombreux siècles avant l’aïkido, ont des histoires sur un enseignant soumettant élégamment un attaquant avec un pinceau d’écriture, une brindille ou un tour de poignet. Bien que n’étant pas strictement vrai du point de vue étymologique, il est communément admis que le sens des radicaux dans le caractère japonais, 武 ( « bu » ) est « pour arrêter la lance ». Il y a même des débats pour savoir si cela signifie «légitime défense» ( ayant la capacité d’arrêter la lance de l’ennemi ) ou « abstention » ( avoir la compétence pour rendre l’utilisation de la lance inutile, et la maîtrise de soi pour faire ce choix). Ce cliché a été celui auquel a souscrit Ueshiba lui-même. Il est légitime, par conséquent, de se demander si la pédagogie de l’aïkido atteint cet objectif, que ce soit celle de Ueshiba Morihei, ou les versions de ses successeurs. On ne peut pas « arrêter une lance », à moins que d’être plus habile que l’attaquant qui la manie. Au-delà de ça, le moyen jugé légitime pour résoudre les conflits n’est pas en dehors du contexte social dans lequel il réside. Par conséquent, si nous considérons la résolution des conflits pour les gens dans une société civile moderne, ce qui serait l’art martial le plus efficace et utile est : 1) Un amalgame apparemment chaotique de néo-shinto, bouddhisme ésotérique et rites shamaniques, avec un corpus technique complexe et détaillé ainsi que des méthodes d’entrainement sophistiquées qui peuvent prendre des années de dévouement au maître, le tout enseigné dans l’environnement fermé du dojo à seulement quelques individus avec lesquels l’instructeur a une relation personnelle profonde ; ou 2 ) une pratique martiale qui évite les rituels spirituels pour une attitude métaphorique plus générale basée sur l’éthique, avec un système moins exigeant de la culture physique / pratique des arts martiaux, accessible à des millions, une pratique dans laquelle on peut atteindre un niveau assez élevé de compétences avec seulement quelques années ? Laquelle remplit vraiment l’objectif de 武 dans le monde dans lequel nous vivons ? [11]
A la fin de Hidden in Plain Sight , j’ai écrit :
Avez-vous besoin de ce millésime ? Il rend la vie plus difficile, parce que rappelez-vous, vous avez à payer pour cela en temps, en kilomètres de travail acharné et en honnêteté. Rappelez-vous Chen Xiaowang, qui a abandonné la construction de la maison de sa famille, parce qu’il a coupé dans les heures dont il avait besoin pour exercer son Tai Chi Chuan. Est-ce que l’aïkido «technique» des descendants de Ueshiba, par exemple, et même, je crois, le Daito -ryu de la plupart des descendants de Takeda, ne sont pas une poursuite digne en soi ? Ils peuvent certainement l’être. Alors que j’étais assis à écrire ceci, je regardais un jeu de lumière dans ma chambre, le soleil passant à travers des vases en verre et en cristal, une partie de ma propre descendance, de ma grand-mère par ma mère jusqu’à moi. Tout comme ce verre est beau par son propre existence, la poursuite aussi du génie technique, de l’athlétisme, de nombreux changements positifs de la personnalité que l’on encourt dans l’exercice passionné d’une discipline en compagnie de camarades aux vues similaires – tout ceci est possible grâce à ce que l’aïkido est devenu. Et oui, cela inclut aussi des vertus martiales importantes, comme ces exemples que sont Nishio Shoji, Takeno Takefumi, Kato Hiroshi, et Anno Motomichi le démontrent amplement. Il y a une vie riche de connaissances au sein de ce que chacun de ces hommes – et d’autres comme eux – ont à enseigner.
Mais que faire si vous désirez le millésime lui-même ? Et si vous désirez exactement ce que Ueshiba préparait ? Ce qu’il a distillé était parmi les plus rares – un élixir brassé à partir d’ un mélange de fleurs sauvages des Alpes japonaises et champignons bleus auréolés. C’est un goût acquis, comme le Scotch tourbé et fumé de Islay, ou le corenwyn néerlandais tiré à partir d’un bloc de glace et versé d’un pot de pierre. Pour rendre les choses plus difficiles, la bouteille dans laquelle Ueshiba a placé le millésime est difficile à verser et prend beaucoup de temps pour remplir un verre. Pire encore, il n’y a que peu de gens qui savent encore comment tirer le bouchon, parce que Ueshiba ne partageait pas comment exactement le faire avec un très grand nombre. Il venait juste déboucher lui-même, chaque bouteille étant un peu différente de celle d’avant, et buvait un breuvage complet tous les jours, laissant un peu dans la tasse que ses invités pouvaient choisir de siroter ou non. Si ils – ou vous – veulent simplement apprécier le jeu de la lumière à travers le verre, teinté par ce breuvage merveilleux, alors cela aussi, peut valoir tout une vie. Mais si c’est le millésime que vous voulez, j’espère que je vous ai donné quelques conseils sur la façon de le trouver.
Que diriez-vous d’autre chose ? Il existe de nombreux autres millésimes, eaux de vie de différents caractères et profondeur – et il y a même des brasseurs maisons remarquables apparaissant ces jours-ci, qui ont coupé ce qui peut être usé par le temps, mais non essentiel, et offrent des goûts remarquables. Vous pouvez voir ces enseignants, et acquérir, dans une pleine mesure, ce soleil liquide, et si vous le souhaitez, le reprendre et le verser dans le récipient de l’aïkido qui vous aimez tant. Ce ne sera pas l’aïkido de Ueshiba. Mais il sera vôtre.
La grande problématique est la suivante: vivre votre vie. Ce que faisait d’Ueshiba de si merveilleux, c’est que la vie qu’il a vécue était indéniablement la sienne. Morihei Ueshiba est mort, est -il vraiment nécessaire pour lui de renaître en vous?
L’ « Aiki » peut-il être restauré dans l’Aïkido ?
L’Aïkidoka qui décide de poursuivre l’étude de la force interne se trouve à un carrefour : comment peut-on apprendre des compétences de Ueshiba quand il a laissé, au mieux, le plus obscur des conseils ? Et même si on lui donne l’occasion d’apprendre réellement ces compétences, qu’en est-il de l’aïkido qu’il a, jusqu’à présent, pratiqué ?
1 . Certains vont abandonner l’aïkido pour étudier un art martial interne de la Chine comme le Tai Chi Chuan, le bagua chuan ou le xingyi ch’uan. Chacune de ces disciplines propose un programme établi adapté pour atteindre l’excellence dans ce domaine. [12] Est-ce sûr? Ces arts ne sont pas seulement édulcorées à l’Ouest. La plupart des arts martiaux en Chine continentale sont des systèmes normalisés de chorégraphie – souvent à un pas de la danse martiale. Même dans les écoles les plus traditionnelles, la majorité des pratiquants sur tous les continents, y compris leur pays d’origine, la Chine, ne reçoivent pas l’enseignement de méthodes internes, et parmi ceux relativement rares qui le reçoive, beaucoup sont devenus enseignants sans le kilométrage nécessaire pour faire ce qu’ils «savent». A Taiwan, Hong Kong et en Malaisie, trois centres des « expatriés chinois », beaucoup ont créé des amalgames de méthodes d’entrainement provenant de diverses sources, notamment ce qu’on appelle Shaolin ou « qigong dur », qui, bien que parfois extrêmement puissants, utilisent le corps d’une manière différente des arts martiaux purement internes. Comme Feng Zhiqiang dit, « la famille externe ( Waijia ) utilise la force physique (Li ) pour conduire le Qi, tandis que la famille interne ( Neijia ) utilise l’intention ( Yi ) pour déplacer le Qi ». [13 ] Les arts de la famille externe pure ainsi que ceux qui ont créé un amalgame des méthodes des deux écoles ont leurs propres mérites, mais il peut être très difficile pour un néophyte de comprendre exactement ce qui est proposé. Il est possible que l’apprentissage des méthodes externes ou un amalgame vous laisse bien loin de ce que vous auriez peut-être développé si vous aviez trouvé quelqu’un enseignant des compétences internes à l’état pur. D’un autre côté, chacune de ces formes peut, avec un dévouement suffisant vous faire devenir un combattant bien supérieur à presque toute personne respirant, de loin supérieur notamment, que la plupart aux méthodes purement internes .
Même parmi les véritables méthodes d’entrainement interne, il y a des différences distinctes telles que l’accent mis sur le « dévidage de la soie » du Tai Chi Chen par opposition au « tirer la soie » du tai-chi Yang : l’accent sur l’une ou l’autre méthode d’entrainement peut produire des capacités différentes. Par conséquent, allez-vous réellement apprendre ce que vous cherchez ? Est-ce que l’enseignant enseigne ce qu’il sait? S’ils le veulent, ont-ils la capacité d’enseigner ? Ce sont une partie des dilemmes auxquels fait face une personne qui prend ce qui semble être une décision facile : suivre un ou l’autre art martial chinois qui a prétendument un programme d’étude en force interne.
2 . Certains aïkidoka vont chercher un Daito-ryu orthodoxe avec l’intention d’acquérir les méthodes d’entrainement interne qui faisaient partie selon eux du programme d’enseignement de Morihei Ueshiba. Bonne chance à vous. Trouverez-vous vraiment un entrainement interne au sein en Daito -ryu ? Chaque ligne de Daito -ryu que je connais prétend que l’aiki fait partie de leur programme d’étude, mais certains utilisent ce terme pour rien de plus que « prendre l’initiative », « déséquilibre » ou « angles de travail et force de levier ». D’autres groupes peuvent exiger que vous passiez des années, voire des décennies d’entrainement en kata avant d’introduire le thème de l’entrainement interne. D’autres affirment simplement que c’est incroyablement difficile, et seuls quelques-uns seront à jamais autorisés à apprendre. Par exemple, le Daito-ryu de Yukiyoshi Sagawa a dix étapes (gen), prétendument contenant chacune 225 techniques distinctes, et son principal pratiquant occidental sous-entend que Kimura Tatsuo, seul parmi tous les membres de ce groupe, est l’unique possesseur de ces capacités en aiki. [14] Les programmes des autres lignes de Daito-ryu sont tout aussi massifs. Il ne fait aucun doute que l’ensemble du corpus du Daito-ryu a une grande valeur en lui-même, mais vous pouvez être cruellement déçu, surtout si la branche particulière de Daito -ryu que vous avez choisie n’offre pas, en fait, une méthode de développement de l’énergie interne, ou si, même si ces informations existent, il devenait clair que vous ne serez pas un des rares élus qui en recevra l’instruction.
Même parmi les groupes qui enseignent explicitement l’aiki, il peut être offert dans un contexte et des applications très limités : kata guindé qui ne marche que lorsqu’uke saisis ou qu’il se déplace d’une manière très spécifique. Serez-vous capable de généraliser les compétences que vous apprenez, ou allez-vous continuer à dépendre d’une sorte de collusion avec votre partenaire d’entraînement ? Serez-vous seulement capable de gérer un certain niveau d’attaque aléatoire, sans l’exigence qu’un attaquant le fasse de manière prédéterminée ? En tout cas, pour tous ceux qui s’intéressent au Daito -ryu, je vous recommande fortement de faire quelques stages avec un expert reconnu en matière d’entrainement interne chinois ou l’un des « brasseurs-maisons » (voir n ° 3 ci-dessous), pas nécessairement parce que ce qu’ils font est exactement la même chose, mais parce que ce sera assez semblable pour que vous ayez une meilleure chance de reconnaître si l’instructeur de Daito-ryu qui vous intrigue, a vraiment des compétences dans ce domaine.
Au-delà de toutes ces considérations, étant donné que le Daito-ryu est enseigné comme un système martial très détaillé et complexe, vous seriez bien avisé de rejoindre le Daito-ryu pour l’amour du Daito-ryu, et pas seulement à cause de l’entrainement en aiki qui peut – éventuellement – être un élément au sein de ce groupe en particulier. Sinon, ce serait comme entrer à une académie de musique et exiger de n’apprendre que Rachmaninoff .
3 . Certains vont s’associer avec différents « brasseurs-maison », et dans le processus, partant de l’aïkido, peut-être en ne s’associant plus comme étudiant d’un groupe d’arts martiaux établi, même si ils peuvent utiliser le grappling, les arts martiaux mixtes ( MMA), ou des partenaires d’entraînement aux vues similaires simplement pour tester et parfaire leurs compétences. Par « brasseurs-maison », je veux parler des personnes qui ont des antécédents importants dans un système traditionnel d’entrainement interne, qui ont ensuite tenté d’établir des méthodes de formation de base indépendantes de tout art martial spécifique. Mais, là aussi, des problèmes peuvent survenir. En s’écartant de la pratique établie, les individus naturellement talentueux peuvent créer quelque chose de merveilleux pour eux-mêmes. Toutefois, si ils ont développé un amalgame de méthodes à la fois externes et internes, leurs compétences ne peuvent pas être facilement reproductibles. Ils peuvent tenter de décrire ce qu’ils font, en s’appuyant peut-être sur le verbiage et l’idéologie de l’école traditionnelle, mais en fait, ils font quelque chose de différent de ce qu’ils disent. Si la description n’est pas vraiment conforme à leurs actions, leurs étudiants auront une période très difficile pour reproduire ce qu’ils font. [15]
Nous pouvons être destinés à aller dans une multitude de directions: certaines très productives, certaines équivoques et certaines étant des impasses. Mais cette voie est quelque chose de nouveau, une occasion d’apprendre l’équivalent des gammes et des accords, pour ainsi dire, plutôt que des compositions finies. Plutôt que d’être lié par la partition que le professeur place sur le pupitre de musique, certains peuvent être en mesure de devenir l’équivalent de musiciens de jazz, jouant leur propre musique, qui va du banal au sublime. Il faudra un certain temps, en testant les nouvelles compétences en rencontres semi-libre et sportives comme une des méthodes de validation, jusqu’à ce que des méthodologies regrouant les meilleures pratiques soient trouvées. Mais le résultat final aura quelque chose de vieux et quelque chose de nouveau, tout en même temps.
4 . Cela nous conduit alors à un dernier groupe : ceux qui veulent encore faire l’aïkido. Il semble ridicule de les considérer comme « ceux qui souhaitent faire l’aïkido avec l’aiki », similaire à « l’aikido avec ki » de Koichi Tohei. Néanmoins, les deux phrases suggèrent que quelque chose a été laissé de côté à partir de la pratique moderne. De nombreuses personnes ont créé une dichotomie entre « l’Aïkido de Morihei » et l’Aikido de Kisshomaru ». D’un certains point de vue, cela est exact, mais c’est beaucoup trop simpliste : plutôt que de tenter de même résumer cela, je vous suggère de lire « Transmission, Inheritance and Emulation » de Peter Goldsbury sur le forum AikiWeb, dans son intégralité [16 ] (Ce pourrait être un bon test de volonté. – Si vous ne pouvez pas lire toute sa recherche méticuleuse et absolument essentielle, êtes-vous vraiment quelqu’un avec le courage de faire des heures de funa kogi-undo pour des années afin de développer l' »aiki », pour ne pas mentionner la durée d’attention et d’intelligence pour analyser de façon critique vos résultats et vos étapes / faux pas sur la voie ?)
Cependant, affirmer que l’aïkido d’après-guerre est simplement une création de Kisshomaru Ueshiba et de Koichi Tohei n’est pas nécessairement aussi dur et rapide que certains voudraient le penser. Il faut reconnaître que tout ce qui a été fait après la guerre au sein de l’ Aïkikaï, et même sans, a été effectué avec l’approbation de Ueshiba Morihei, au moins à un certain niveau. Les développements de l’aïkido moderne, y compris toutes ses factions, ont peut-être été absolument en harmonie avec ses objectifs pour l’ art, comme je l’analyse dans Hidden in Plain Sight [17]. Il est également inexact d’affirmer que, dans la fin des années 1950 et 1960, il a passé la plupart de son temps à Iwama, isolé des élèves de 3ème génération de Tokyo (C’était plus le cas à la fin des années 1940 et début des années 1950). En fait, il a voyagé selon un circuit : à Kyushu , Shingu , Iwama et plusieurs autres endroits, accompagné en tout temps par un ou plusieurs de ses uchi-deshi de Tokyo. Tous ses uchi-deshi d’après-guerre avaient de profondes relations personnelles avec lui, basées sur des jours, des nuits, des semaines et des mois de contact direct.
Mis à part le débat sur qui a conçu quelle partie de l’aikido d’avant-guerre ou d’après-guerre, y aurait-il des inconvénients à imprégner l’aïkido, encore une fois, avec une résurrection des méthodes de Ueshiba, si cela est encore possible, ou une » reconstitution » en utilisant des méthodes provenant d’autres sources ? Certains prétendent que si l’on développe l’aiki, on deviendra « non projetable » par des techniques d’aïkido normales, ce qui, comme suggéré, rendrait les techniques d’aïkido non pertinentes. Dans ce cas, pourquoi pratiquer si cela ne fonctionne plus, et si les techniques ne sont pas très pratiques en terme de combat de toute façon ? Il ne fait aucun doute que si l’on a développé des compétences importantes en aiki, les techniques d’harmonisation typiques de l’aïkido comme généralement pratiqué, ne fonctionneront tout simplement plus. S’il vous plaît référez-vous au film de Wang Shu Chin et Sato Kimbei qui est lié au début de cet article. Bien sûr, la différence de taille entre les deux hommes n’en fait peut-être pas le meilleur exemple. Néanmoins, notez ce que Wang fait avec son corps (ses jambes, ses hanches, et surtout, son tanden et la colonne vertébrale) lorsque Sato tente de le projeter : ce n’est pas juste une question d’être lourd. Comme John Driscoll, un sandan d’aïkido et rokudan de judo, m’a écrit, « Sato ne crée jamais un état relatif de déséquilibre ( kuzushi ) par rapport à Wang . Sato tente des techniques sur Wang qui est statique et debout dans un équilibre parfait, une tâche presque impossible, même lorsque les individus sont de taille égale ». [18]
Rappelez-vous la déclaration sur Jiro Nango, le neveu de Jigoro Kano, alors âgé et pesant peut-être 130 livres, (qui , soit dit en passant, n’a jamais dépassé Nidan en judo standard), dans « The Fighting Spirit of Japan » de Harrison : « Nango était difficile à projeter normalement, à cause de son excellent tai-sabaki (mouvement tournant en judo), mais quand il utilisait la puissance du tanden il était impossible de le projeter ». [19]
L’aïkido moderne, avec un échange entre uke et nage résultant en un uke projeté, bloqué ou coincé, peut-il co-exister avec une étude approfondie de l’aiki ? Je crois que la réponse est absolument affirmative, et la meilleure preuve provient à la fois de l’extérieur et de l’intérieur de l’aïkido. Mon premier exemple est, paradoxalement, à l’extérieur de l’aïkido : le dojo de Yukiyoshi Sagawa. Basé sur des entretiens avec trois personnes qui ont soit participé à ou directement observé la pratique au dojo de Sagawa, il y avait trois composantes dans l’entrainement de son art martial : la première est la pratique solo (Tanren), la seconde était l’entrainement aux techniques qui ressemblent beaucoup à l’aïkido pour l’observateur extérieur, dont une composante est que uke saisit nage aussi puissamment que possible pour contrecarrer sa capacité à se déplacer, et encore plus à exercer une technique, et la troisième est les techniques de chute : ukemis [20]. Ce dernier élément, plus que les deux autres, peut être un peu déroutant pour certains. Il y a, bien sûr, la nécessité d’apprendre à chuter soit lors de la pratique coopérative, ou quand, un partenaire d’entraînement plus puissant et supérieur applique une technique [21]. Cependant, Sagawa insistait tellement sur ce point lorsque Ryuichi Matsuda lui a demandé comment on développe l’aiki, faisant clairement allusion au fait de frapper durement le sol une fois projeté, qu’il y a peut- être plus que ce que voit l’oeil, un autre phénomène de « hidden in plain sight » [22]. C’est ma conviction (et expérience) que l’impact des ukemis aide à développer un corps fort et souple, tout en étant une excellente méthode d’enseignement de la relaxation du corps entier. Ce que je suggère, c’est que ce soit harmonisé avec des méthodes spécifiques de respiration pour « mettre sous pression » le corps de l’intérieur afin que les ukemis, comme beaucoup d’autres exercices d’entraînement, servent à développer les ligaments et les tissus conjonctifs. Rappelez-vous: « ukemis » signifie « le corps recevant ». Qu’avez-vous la capacité de recevoir ? Juste une chute chorégraphiée ? Quand on apprend à chuter quand on est honnêtement projeté, on commence à apprendre à savoir contrer aussi ces projections. Que diriez-vous de la capacité à absorber ou rediriger un coup puissant ou d’autres impacts, ou une clef articulaire ou une tentative de projection ? Que diriez-vous de la possibilité de rediriger cet impact en vous-même de sorte que non seulement vous n’êtes pas blessé, mais vous pouvez utiliser la force de l’adversaire comme un additif à votre propre puissance acquise, de sorte que leur puissance est véritablement utilisée contre eux.
Quand, dans l’aïkido, entendons-nous parler d’une méthode d’entrainement similaire à ces trois composantes citées ci-dessus, mais sous une forme un peu plus grossière ? A Iwama, sous la tutelle de Morihiro Saito ! Veuillez noter que je ne suis pas entrain d’affirmer que la pratique à Iwama était la même que celle du dojo de Sagawa. Je vais tenter ici de mettre en évidence une similitude, pas une pratique identique. Commençons par ceci : quand Saito et ses élèves présentaient une technique de base d’une manière puissante, Saito décrit Ueshiba souriant et hochant la tête, plutôt que de crier : « Ce n’est pas mon aïkido ». Ueshiba approuvait cette puissante et loyale méthode d’entrainement. Ceci, cependant, n’est pas tout ce que Saito pouvait faire. Il est souvent considéré comme étant lent, massif et puissant : cependant, l’un des élèves de Kazuo Chiba, un homme très puissant physiquement, décrit lorsqu’il saisit Saito : « Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais du tout. Je me sentais comme si j’étais sur la glace. Je ne pouvais pas trouver mon équilibre. Je le tenais juste, et il ne se déplaçait pratiquement pas et je glissais ».
John Driscoll (cité plus haut) m’a écrit, « Saito soulignait toujours que la progression de l’entrainement devrait passer de katai (dur), initié à partir des techniques basiques statiques et fermes, à yawarakai (souple), techniques effectuées en mouvement conforme à la forme de base, et enfin ki -no-nagare (des techniques libres et fluides). Saito a dit que c’était la position de Ueshiba sur la progression en Aïkido et que c’était la seule façon pour développer la puissance martiale ». [23]
Mon frère d’entrainement, Josh Lerner, qui a passé quelque temps à s’entrainer à Iwama et plus tard avec un professeur de tai-chi et bagua, m’a informé que, «Quand j’ai commencé l’entrainement dans les arts martiaux chinois, même si j’avais beaucoup trop de tension dans le haut de mon corps, j’ai pu commencer à utiliser des chemins d’enracinement rudimentaire (même si ce n’est pas le terme qu’il a utilisé) quand j’ai travaillé avec ses élèves, et j’ai eu le sentiment très net que j’ai eu cette capacité explicitement dû au fait de faire tai no henko et morotedori kokyû ho à plein résistance à Iwama. Avec les tanren de suburi sur pneu, ils forment ce que j’appellerais des exercices de base de « force interne » de Saito, et faits correctement et régulièrement, ils donnent des résultats. Des résultats un peu raide, avec aucun des mouvements du dantian ou la finesse des arts chinois, mais la capacité de base pour absorber et transmettre la force est là. Et je dirais que morotedori kokyû ho est une torsion spirale de tout le corps, des pieds aux doigts étendus, qui différencie même les hanches et la taille. » [24]
John Driscoll écrit:
Sur la base de conversations avec Bill Witt, Bernice Tom, Hans Goto, Wolfgang Baumgartner, Mark Larsen, etc , qui ont tous passé beaucoup de temps à s’entrainer sous Saito: dans toutes mes conversations avec les personnes énumérées précédemment, je n’ai pas pu en trouver un admettant que Saito faisait exercices en solo, autres que Ken et Jo Suburi. Nul n’a reconnu voir Saito faire funa kogi undo ou l’un des autres exercices « d’échauffement / d’aiki » que l’on voit faire O- sensei dans les films historiques. Ils ont tous dit que Saito affirmait catégoriquement que O- sensei a dit que tout ce qu’il fallait pour développer l’aiki est dans les suburi, que l’on doit pratiquer tous les jours. J’ai aussi compris de mes conversations que Saito n’a jamais explicitement décrit comment faire chaque Suburi au groupe, autrement que pour démontrer et faire des corrections individuelles. Saito expliquait et utilisait des analogies pour tenter de clarifier les points clés des techniques pour enseigner. Une de ses analogies favorites apparemment faisait allusion à la relation de uke et tori comme deux branches d’un compas. Il a parfois expliqué les mécanismes de l’utilisation des armes, mais pas d’une manière ésotérique.
Personne ne se rappelle avoir observé Saito fournir aucune instruction spécifique sur l’enracinement, ou la génération et le transfert de l’énergie dans le corps. Personne ne se rappelle une discussion sur le rôle de la flexion spinale dans l’accomplissement du transfert, seulement Saito soulignant que les hanches doivent être et rester solides et fixées à la fin d’une technique.
Quant à la pratique avec partenaire, tous mes enseignants formés à Iwama soulignent que chaque classe doit commencer par tai no henko ho, morote dori kokyu ho, et finir par suwariwaza kokyuho. La plupart ont également inclus des formes de Ikkyo dans leur classe. Saito a affirmé catégoriquement que la pratique quotidienne de Osensei incluait toujours tai no henko, suivie par morote dori kokyu ho, et se terminait avec suwariwaza kokyuho.
Cela dit vous avez raison de dire qu’aucun de mes enseignants formés à Iwama n’a jamais expliqué que ce sont les clés pour libérer l' »aiki » en aikido ou faire autre chose que de répéter : « Il faut devenir compétent en matière d’entrainement katai avant de passer à la formation yawarakai, puis continuer à pratiquer régulièrement les fondamentaux » [25].
Je serais parmi les premiers à affirmer que les successeurs de Saito n’ont pas et ne présentent aucune capacité – ou intérêt – dans l’entrainement en aiki. Il est très possible que cet entrainement «fort», étant donné qu’il rend les gens physiquement puissants, est devenu une fin en soi[26]. Il est certainement possible que Saito, comme tant d’autres dans ce domaine, a gardé les méthodes de formation interne pour lui-même, mais je pense qu’il est plus probable que Saito était, en grande partie, un exemple de ce que j’ai appelé « osmose »: que, avec suffisamment d’interactions intenses et intimes avec un expert, on peut inconsciemment voler dans une certaine mesure des compétences, sans vraiment savoir ce que l’on a accompli, ou au moins, la façon dont on l’a accompli. Un produit d’une telle osmose répondra sûrement, lorsqu’on lui demande comment reproduire les choses remarquables qu’il peut faire, «plus de pratique», ce qui se traduit par un passage de compétences de plus en plus atténué aux générations suivantes [27]. Sans un programme d’étude, la transmission est presque impossible.
Mon intention dans les paragraphes ci-dessus n’est pas de suggérer que l’on peut reproduire une version imaginaire de la façon dont on peut pratiquer au dojo de Sagawa, ni que « La réponse réside dans Iwama ». Au lieu de cela, je vais tenter de souligner que la «réponse» réside dans un retour à la vraie signification de uke et nage . Rappelez-vous que dans l’étude des arts martiaux traditionnels , uke était le professeur et ses actions suscitent, non, rendent nécessaire le développement de nage (ou tori , pour utiliser un terme plus traditionnel) . S’il vous plaît rappelez-vous ma citation de Kanshu Sunadomari, sur kasudori.
Dans la pratique, il y a une tendance à effectuer ces techniques (ikkajo, nikkajo, etc) avec les uke et nage tous deux utilisant la force physique. Cependant, il est préférable de pratiquer ces techniques en abandonnant la puissance physique et avec la volonté d’assouplir les articulations. Lors des ukemis pour la technique de base, de la même manière, vous ne devriez pas lutter contre votre partenaire, mais plutôt effectuer l’ukemi avec le sentiment de le conduire (souligné par l’auteur). Uke ne devrait pas prendre l’ukemi parce qu’il est poussé ou forcé, au lieu de celà uke doit le faire d’abord en invitant et en conduisant. Lors de l’ukemi, si vous vous accordez complètement au mouvement de votre partenaire, même la moindre utilisation anormale de la force physique de la part de nage l’envoyera voler à votre place. [28]
La description de Sunadomari semble décrire le summum de la détente de la part de deux individus – et c’est toujours ce que j’ai vécu lors de l’entrainement avec des membres de son Manseikan, une pratique douce, franchement très complice. Mes expériences avec ceux expérimentés en force interne sont différentes (mais pas toutes les mêmes) : parfois c’est comme si on saisit quelqu’un qui est comme de l’acier liquide, parfois c’est comme lutter avec un anaconda, et avec d’autres personnes, c’est comme attraper un fantôme : mais ce n’est jamais une pratique mutuelle de corps mous et détendus. Et donc, je dois noter qu’un étudiant sénior de Sunadomari m’a écrit après que la première version de cet article a été publié, et qu’il était d’accord avec moi au sujet de mon expérience de beaucoup de disciples de Sunadomari, mais en précisant que, selon son expérience, Sunadomari lui, avait une qualité qui englobe à la fois le « fantomatique » et celle de « l’acier liquide ». Considérons un passage de mon cru sur kasudori :
Utilisez les techniques d’aïkido qui vous sont appliquées pour ouvrir et renforcer vos articulations. Cela exige que vous ayez des partenaires qui ne sont pas là pour vous endommager ou déchirer toute résistance ou adhérence, mais étirent lentement chaque articulation. Imaginez votre corps gainé de membranes diaphanes du tissu conjonctif, croisant des plans de fascia et de tendon. C’est vrai, cela ne devrait pas être une tâche difficile. Les techniques d’aïkido, bien faites, devraient adoucir et encore épaissir et renforcer ce tissu. Votre tâche est de faire l’hydrater , le rendre souple et élastique. [28]
Ajoutons un autre élément : nage. Si uke s’entraine dans l’esprit des koryu, fournissant des informations à travers son mouvement pour rendre nage plus fort, alors la saisie puissante que j’ai décrit plus haut en ce qui concerne les dojo Sagawa et Iwama ne doit pas simplement être un blocage musculaire. On n’est pas « souple », dans le sens habituel du terme, mais plutôt, on utilise une sorte de relaxation qui permet d’ être « connecté », en utilisant tout son corps comme une seule unité intégrée et flexible, peu importe la position ou posture dans laquelle on peut être. Un uke habile devrait utiliser son propre corps afin d’évaluer si le feedback de nage est au point ou non – dans le paradigme de l’aiki. Lorsqu’ils deviennent plus forts, uke peut ajouter l’aiki à ses saisies / poussées / tirages , etc par incréments croissants – et bien sûr, dans le paradigme de la pratique de l’Aïkido, ces rôles seront bientôt inversés. Compte tenu de la lenteur avec laquelle l’aiki tend à se développer, une telle pratique prendra beaucoup de temps, de considération et de patience aux deux extrémités du spectre de la pratique. Uke et nage, tous deux donc, doivent également lutter contre la volonté d’établir cette « victoire » décisive et sans ambiguïté qui est inhérente à la pratique conventionnelle de l’aïkido. [30]
Un deuxième niveau de pratique concerne les kaeshiwaza : les contres. Lorsque nage est décentré, tendu, utilise trop de force musculaire, uke doit contrer nage. Chaque fois que uke tente de bloquer le mouvement de nage, anticipant la technique de nage, nage devrait passer à une autre technique. Dans un premier temps , cela se fait en étant conscient lorsque votre partenaire d’entraînement est physiquement décentré. Lorsque vous deviendrez plus habile, vous serez au courant quand la personne est « décentré au niveau interne ». Leur corps peut être dans la bonne position, mais ils ne sont pas physiquement en état d’aiki.
L’atemi peut également être ajouté. Comme je l’ai décrit ailleurs [31], un bon atemi d’aïkido devrait être possible à tout moment dans une technique d’aïkido. Plus simplement, un bon atemi glisse le long d’une membre, mais plus complètement, vous devriez être capable de les frapper avec un corps connecté, de sorte que la force est transmise à partir du sol à travers votre structure, transmettant tout le poids du corps plus efficacement, sans armer ou vous écarter de leur corps. Vous devrez être prudent car votre puissance augmente : si vous pratiquez assez assidûment, vous serez en mesure de causer des dégâts substantiels à votre partenaire d’entraînement, même si votre coup commence alors que vous le touchez déjà.
Lorsque quelqu’un s’entraine de cette manière, y a t-il raison pour uke de tomber? Pourquoi pas ? On tombe parfois parce qu’on est projeté ! Ce sera le cas quand un sempai correctement formé travaille avec un junior, et ici, le ciel est la limite. Alors que l’aîné devient meilleur, il ou elle peut gérer des juniors encore plus forts et mieux formés, qu’ils soient des athlètes qualifiés ou ceux qui deviennent un peu habile avec l’aiki.
En outre, on tombe aussi quand on ne « doit » pas, parce que l’on fait de l’aïkido ! Dans ce cas, on utilise un ukemi, à la limite de la compétence de nage, le challengeant à la limite de son propre équilibre, puis « lâchant prise », en acceptant la chute pour plusieurs raisons:
1 . Pour aider nage en montrant ce qui devrait arriver. Vous utilisez l’aiki à un niveau juste suffisant pour que nage ( ou uke ) commence à le découvrir en lui-même, où il peut fonctionner dans le modèle des techniques d’aïkido waza à un niveau record.
2 . Pour utiliser les ukemis pour entrainer son propre corps, comme Yukiyoshi Sagawa déclarait nécessaire pour l’apprentissage de l’aiki .
3 . Enfin, pour développer cette expression morale archétypale qu’était l’aïkido de Morihei Ueshiba, ce moment de mise en liberté de l’irimi de nage dans une acceptation mutuelle de la défaite et de la victoire, cette rencontre «décisive» simplement en donnant naissance à la prochaine dans un retour à plus de pratique. En d’autres termes, on s’entraîne dans la résolution archétypale des conflits APRES avoir été entrainé à être victorieux .
Cependant, une pierre d’achoppement finale persiste et c’est la nature apparemment arbitraire des techniques d’aïkido : comment peut-on éviter l’écueil de celui-ci restant une simple collusion. Cette question est liée à une autre : pourquoi, sur le corpus total des techniques de Daito -ryu, si peu de techniques ont été sélectionnées pour l’entrainement ? Cela ne peut pas simplement être du fait de Kisshomaru Ueshiba. Peu importe quelle branche de l’aïkido vous observez : le Shodokan de Kenji Tomiki, le Shinei Taido de Noriaki Inoue , le Yoshinkan de Shioda Gozo, l’aïkido d’avant guerre de Rinjiro Shirata ou Ikkusai Iwata, ou l’Aïkikaï actuel de Moriteru Ueshiba, ils font tous les mêmes techniques. Bien sûr, l’un ou l’autre des groupes a peut-être conservé tel ou tel waza du Daito-ryu qui était la spécialité de leur groupe, mais en aucun cas ces techniques ne sont centrales. Presque tout le monde a les mêmes 12-20 techniques essentielles. Le caractère limité de la pratique de l’Aïkido remonte à Morihei Ueshiba, qui, comme certains s’en souviennent, a limité à de nombreuses pratiques au seul ikkyo. Je crois que Ueshiba a sélectionné des techniques spécifiques (et leurs variations) qui enferment les principes de base qui se trouvaient dans un certain ensemble de techniques du Daito-ryu (Ikkajo, par exemple). Il y a deux façons de considérer ceci:
1 . Les partisans du Daito-ryu, en particulier ceux qui pratiquent l’ éventail complet des kata « origami humains », regardent donc l’aïkido comme une version édulcorée du Daito-ryu, quelques techniques de base extraites d’un recueil magnifique et plein de kata de jujutsu.
2 . Une autre perspective serait que Ueshiba était lui-même une sorte de « brasseur-maison », qu’il distillait le cadre essentiel à l’intérieur des techniques de Daito-ryu pour couvrir toutes les principales configurations de deux personnes en (debout ou à genoux) combat, qu’il considérait comme plus que suffisantes pour entrainer le corps-aiki tel qu’il le voyait.
Si vous, en tant que pratiquant d’aïkido, acceptez cette dernière définition, alors vous avez plus qu’assez de techniques, qui peuvent être considérées comme des exercices à deux personnes, pour le développement de la force interne.
Un bon entrainement d’Aïkido comporterait une puissante saisie par uke (avec « l’aiki ») dans laquelle nage exprime la technique appropriée pour rediriger la force de uke en lui-même plutôt que de la repousser au loin. En d’autres termes, «il n’y a pas de Tenkan . . . sans irimi »[32 ]. Tout écart par rapport à l’intégrité devrait se traduire par uke contrant nage : en d’autres termes, uke devient nage, et cette pratique se poursuit. Un tel changement dans la façon dont l’aïkido se fait sur le plan physique, peut entraîner un changement sur le plan moral : au lieu de la rencontre classique dans laquelle nage reçoit et soumet l’action errante ( l’attaque ) de uke, il se développe un échange plus fluide des rôles entre uke et nage. Ce qui en fait un outil d’entrainement plutôt que du freestyle est que l’on est tenu de : a) se plier à la forme de l’aïkido et les principes de la force interne. En d’autres termes, l’aïkido comme un relativisme moral, déterminé par les circonstances, plutôt que de l’absolutisme moral, déterminé par le rôle [33].
Comment peut-on pratiquer une telle méthode d’entrainement au sein d’un dojo d’aïkido ordinaire ? Étant donné que, comme je le suggère, il y a beaucoup moins de 500 aïkidokas qui étudient sérieusement la force interne, dispersés dans différentes parties du globe, la plupart de vos partenaires d’entraînement ne seront pas en mesure de saisir, déplacer ou même se tenir avec l’aiki, et comme je l’ai dit plus haut, n’ont aucun intérêt à le faire. La plupart d’entre eux ne le seront jamais (ndt : intéressés). Même parmi ceux qui expriment un certain intérêt, la plupart se contenteront d’un intérêt de pure forme une fois qu’ils sont conscients combien d’entrainements ennuyeux et répétitifs sont nécessaires avant d’atteindre un niveau de compétence. À l’avenir, comme dans le présent, il y en aura beaucoup plus qui « connaissent » plutôt que de savoir vraiment.
Bien sûr, une alternative est de démarrer votre propre « ryu » d’aïkido, ou au moins votre propre dojo ou groupe d’entraînement. Cela exigera un lien actif avec quelqu’un aux compétences réelles, et qui, en outre, respecte et admire l’aïkido lui-même. Lorsque c’est possible, vos problèmes seront résolus, parce que vous serez en mesure de vous engager dans une étude sans équivoque de l’aiki, sans résistance ni interférence de ceux qui n’y ont aucun intérêt, ou en particulier, un enseignant qui n’y a aucun intérêt. Rappelez-vous, en dehors de l’enseignant ayant le droit de fixer la méthode d’entrainement dans le dojo, il ou elle, avec des années d’ expérience, peut-être en mesure de supprimer ou même écraser vos capacités naissantes d’utilisation de l’aiki, même en l’absence de telles compétences pour lui-même.
Toutefois, que faire si vous êtes seulement en mesure de trouver un ou deux partenaires d’entraînement, et votre contact avec un professeur de force interne (généralement) ou même aiki (en particulier) est très limité ? Si vous souhaitez pratiquer dans le paradigme de l’aïkido, vous aurez à vous entraîner dans un dojo ordinaire, où peu, se soucieront de ce que vous faites, ou peuvent le nier, même quand ils éprouveront une telle puissance de vos mains, ou qui peuvent devenir positivement offensés, prononçant la plus puissante des malédictions : « Ce n’est pas l’aïkido ! » ( une déclaration, je suggère, qui est un peu différente d’Osensei faisant irruption dans le dojo et criant: «ce n’est pas mon aïkido»).
La vérité est que si la personne a été bien formée de cette manière, elle pourrait facilement – et respectueusement – entrer dans n’importe quel dojo d’aïkido de la planète, et même ne jamais révéler – à moins qu’elle le choisisse – qu’elle peut arrêter la technique de l’autre personne (comme un ami me taquine, « Aiki Superman , hein? Reproduire le rôle d’Aiki-Avatar de Ueshiba ! »). Même ainsi, vous pourriez vous entrainer avec eux, sans perturber la pratique – à moins que vous ne l’ayez choisi – et encore renforcer votre capacité à l’aiki, car prendre de bons ukemis via la réception et l’harmonisation appropriée peut être un entraînement fantastique pour aiki [34]. Rappelez-vous ma citation de Morihei Ueshiba de 1921 : « l’Aiki est un moyen de réaliser l’harmonie avec une autre personne afin que vous puissiez lui faire faire ce que vous voulez. » Quelle merveilleuse pratique de l’aiki, donc, que je viens de proposer ! Vous vous entrainerez en aïkido en apparence classique, et vos partenaires d’entraînement vous aideront à développer vos compétences en aiki, sans le savoir.
Vous ferez partie de la communauté et encore au-delà. Il y a peut- être quelque chose de solitaire à ce sujet, peut-être comme un chanteur d’opéra qui ne peut jamais chanter des arias à l’extérieur de sa propre maison, parce que ses voisins amoureux de musique country pense qu’il chante comme un chat entrain de mourir – ou, d’autre part, une merveilleuse chanteuse de musique country dans un quartier italien. Mais cette solitude est, franchement, une partie du prix à payer si vous choisissez de rester au sein de la communauté de l’aïkido et le faire ainsi avec tact. Jusqu’à ce que vous ayez développé des compétences vraiment supérieures en aiki, vous n’aurez rien à vanter de toute façon. Pourquoi être un missionnaire pour quelque chose que vous ne pouvez pas manifester ?
Dans votre propre dojo, ou avec ces un ou deux partenaires d’entraînement, vous pourrez pousser l’entrainement vers d’autres limites, pratiquant, si vous voulez, une version d’avant-guerre/après-guerre de l’aïkido : le meilleur des deux mondes. Il est tout à fait possible à une date ultérieure, que vous sortiez de votre propre chef, laissant derrière vous un aïkido qui ne fait plus partie de votre monde. Je m’attends à ce qu’il y ai ensuite une communauté plus vaste, même minime, en attente. Mais si vous désirez que ce soit une communauté d’aïkido, traitez toutes les personnes qui font partie de l’héritage de l’aïkido, et tous ceux qui ont choisi de participer en son sein, avec égard pendant que vous faites votre recherche. [35]
Notes :
[1] Hisa, Takuma, publié à l’origine dans Shin Budo, Novembre 1942, et traduit / réimprimé par Aikido Journal
[2] Amdur , Ellis , Dueling with Osensei: Grappling with the Myth of the Warrior Sage, «The Knights of the Mouldy Rope », Edgework Books , Seattle , 2000, pp , 177-203
[3] J’ai été très proche de rencontrer quelqu’un qui aurait pu avoir des compétences très semblables à celles de Ueshiba. J’ai eu une introduction auprès de Noriaki Inoue, le neveu de Morihei Ueshiba, dont il est dit que son Shinei Taido était le plus proche dans l’existence à celui de Ueshiba dans ses jeunes années. Les premiers films disponibles, publiés par Aikido Journal, le montrent à l’âge de soixante-neuf ans, bien après la force de l’âge. Néanmoins, on peut le voir montrer une manifestation d’avant l’aiki-budo.
J’ai eu plusieurs conversations téléphoniques pour tenter de négocier une visite à leur dojo, accompagné par Yoshio Kuroiwa, qui était familier avec plusieurs personnes dans l’organisation. Inoue a enseigné à des étudiants étrangers dans les années 1950, qui auraient été des membres des services de renseignement américains. Don Angier l’a décrit lors d’une visite en Amérique, où, lors d’un stage il a été contesté par quelqu’un, qu’il a démoli. Malheureusement, on m’a dit que Inoue avait auparavant un étudiant non-Japonais dans les années 1960, qui a agi de manière si offensive envers les membres du dojo qu’ils ont pris la décision de ne jamais admettre de nouveau des étudiants occidentaux. C’était un des moments où je n’étais pas en mesure de passer la porte.
[4] Donn Draeger m’a malicieusement dit qu’il a essayé à plusieurs reprises d’obtenir que Koichi Tohei l’accompagne pour rencontrer Wang pour « comparer leurs notes sur le ki ». Il m’a dit en riant que Tohei avait toujours un rendez-vous urgent ou d’autres plans. C’était quelque chose que Donn ne pouvait pas résister à soulever chaque fois qu’ils se rencontraient.
[5] Dueling with Osensei, Ibid , p. 3
[6] Paul Anderson, autrefois considéré comme l’ homme le plus fort du monde, a décidé à un moment donné de sa vie de devenir un boxeur professionnel et a failli être tué sur le ring par un adversaire de 190 livres (86 kilos), Atillio Tondo, sans aucune compétence exceptionnelle.
[7] Amdur, Ellis, Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power, Edgework Books, Seattle, WA, 2009
[8] Je dois souligner que Peter Goldsbury, dans une lecture critique de cet article, note que l’avènement de la Seconde Guerre mondiale a très probablement eu beaucoup à faire avec cela. Parmi les facteurs qui ont pu entrer en jeu qui aurait pu faire radicalement changer Ueshiba dans la façon dont il voyait l’enseignement et son héritage ; la perte de certains de ses plus excellents élèves, à travers la mort, l’abandon, ou par schisme; et les changements psychiques dus à l’âge et au niveau d’énergie qu’il aurait voulu consacrer à l’enseignement.
[9] discussions personnelles avec Joshua Lerner .
[10] Juste pour que je ne laisse pas de malentendu, certains groupes d’Aikido se concentrent avec une intention remarquable sur la rigueur martiale, et ils produisent des gens qui sont puissamment efficace lorsque cela est nécessaire pour défendre leur bien-être, voire leur vie. L’ Aïkikaï après-guerre a toujours eu une ou deux personnes qui étaient connues comme «exécuteurs », qui étaient désignés pour relever les défis posés par des artistes martiaux externes. En raison de circonstances particulières (non que j’ai défié quiconque) lorsque j’ai rejoint l’Aïkikaï, j’ai passé ma première semaine en étant « attendri » par lesdits individus à la demande de Kisshomaru Ueshiba.
[11] Comme je l’ai décrit une fois dans un essai sur l’Aïkido Journal où Mutsuko Minegishi m’a arrêté dans mon élan, en comparant les résultats de mon rude entraînement des arts martiaux et attitudes et l’homme intimidant et aliéné résultant de la chaude protection de la communauté qui avait grandi autour de lui. A cette époque, peu de gens auraient considéré m’apporter une soupe s’ils avaient entendu dire que j’étais malade.
[12] Notez s’il vous plaît que je ne me réfère pas particulièrement – ou pas seulement – à des compétences de combat, même si cela peut – et doit – être une composante essentielle de l’entrainement interne dans les arts martiaux. D’autres importants avantages comprennent la santé, une grâce physique générale jusqu’à la vieillesse sans les dommages que les méthodes externes intenses peuvent causer et, pour certains, les avantages psychologiques.
[13 ] Entretien avec Jarek Szymanski , China From Inside, “Interview withMr. Feng Zhiqiang”
[14] website du Kyokuden dojo
[15] Un de mes précédents enseignants de Xingyi, Su Dong Chen, tombe dans cette catégorie à mon avis. Il est tout simplement génial, un homme qui est capable de garder absolument la même organisation physique quand il pratique une forme et quand il est dans un vrai combat. Mais il a eu beaucoup de difficultés à passer sur ce qu’il sait, en partie parce qu’il n’a jamais trouvé un langage qui décrit de façon intelligible ce qu’il fait, et en partie parce que son art est un tel amalgame.
[16] Aikiweb
[17] Amdur, Ellis, Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power, en particulier, le chapitre, « Aikido is Three Peaches », pp 154-178 . Cela est particulièrement vrai si je ne me trompe pas dans ma théorie que Ueshiba considérait la plus large communauté de l’aïkido comme de simples sources d’énergie pour ses «rites» dans l’unification du Ciel et de la Terre, et que si quelqu’un devait être plus que de la chair à canon spirituel, il volerait, comme il l’a fait, ce dont il a besoin et suivrait son propre chemin.
[18] Communication personnelle, John Driscoll
[19] Harrison , EJ , The Fighting Spirit of Japan, The Overlook Press, Woodstock, New York, p. 128. Fait intéressant, Harrison, plus tôt dans le même paragraphe, décrit s’enquérir de ces compétences à Koji Kikuchi, un sixième dan, et quand il a demandé si Kano lui-même avait de telles capacités, Kikuchi a répondu qu’ « il ne savait pas mais qu’il pourrait les avoir ». Cela signifie plusieurs choses : 1) il ne les a pas 2) il les a, mais il a gardé sous le manteau, soit parce que c’était sa réserve au cas où quelqu’un voudrait le renverser de son perchoir au sommet de la montagne, ou il a réellement pensé que l’exercice de ces compétences interférerait avec le développement du judo comme une activité universelle pour le bien de la société. (Voir Stanley Pranin et les commentaires de Peter Goldsbury sur l’aikido d’après-guerre de Kisshomaru Ueshiba ainsi que des descriptions de dégoût de Kenji Tomiki à toute démonstration des capacités d’aiki qu’il avait, voyant la tentative d’atteindre ces compétences raréfiées comme interférant avec le développement de citoyens en bonne santé, gradés d’un club d’aïkido de collège et consacrant leur vie à la reconstruction et au développement d’une société moderne).
[20] Amdur, Ellis, Hidden in Plain Sight, ob cit, cité aux pages 179-180
[21] Paul Wollos , un étudiant du Sagawa ha Daito -ryu affirme que, « De bonnes chutes plaquées sont nécessaires, car de nombreuses techniques finissent avec une chute brusque (l’idée originale pour une situation réelle est d’empêcher l’adversaire de pouvoir réaliser des ukemis). «
[22] « Si vous prenez beaucoup de rigoureux ukemis -bam ! bam ! – et pratiquez beaucoup de choses, vous finirez vraiment par être capable de le faire » “Matsuda Kenji: Pursuing the Ultimate Martial Art,” Hiden Magazine, traduit par M. Josh Lerner . Il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup de ces « beaucoup de choses», mais néanmoins, il est significatif que Sagawa mentionne les ukemis.
[23] Communication personnelle, John Driscoll
[24] Lorsque Stanley Pranin a présenté un exemplaire du livre de Ueshiba, Budo, à Saito, un livre, publié avant-guerre qu’il n’avait jamais vu ou même entendu parler, Saito dit, avec une certaine émotion que c’était l’aïkido qu’il a travaillé avec Osensei. Imaginez la validation qu’il a dû éprouver quand, après avoir entendu des années des critiques que son aïkido était sa propre interprétation individuelle, il a trouvé des preuves documentaires prouvant le contraire de la propre main du fondateur. Plutôt que d’une rupture radicale, ce que faisait Ueshiba à Iwama était une continuation du Daito-ryu et de l’ aiki-budo qu’il faisait dans les années 1930.
[25] Communication personnelle de John Driscoll
[26] J’ai théorisé ailleurs que Ueshiba a utilisé chaque centre d’entrainement (Iwama , Shingu, Osaka, Tokyo, etc) à la recherche d’un aspect spécifique de sa propre formation. Il est possible que l’accent mis sur les suburi et plusieurs exercices d’entrainement à deux à Iwama faisaient partie de son propre projet de recherche : dans ce cas , que pourrait-on produire si l’on se focalise sur ces composants spécifiques à l’exclusion de toute autre ?
[27] J’ai eu un certain nombre de communications personnelles qui suggèrent que leur professeur, lui aussi, tombe sous la rubrique » osmose « .
[28] Citation dans Amdur, Ellis, Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power, ob cit p. 178
[29] Hidden in Plain Sight, à la page 224. Je tiens à souligner cela, car nous avons ici une seule phrase, un kuden, de Morihei Ueshiba qui a transformé l’ensemble de sa pratique. Dans cette optique, il est intéressant de noter que Ueshiba, selon Yasuo Kobayashi, fronça les sourcils en voyant les élèves de Tokyo deshi pratiquer des techniques kokyû-nage. À première vue, cela semble suggérer qu’il pensait que ces techniques étaient « fausses », mais Kobayashi poursuit en disant que Ueshiba lui-même a fait ces techniques (et nous pouvons observer ces techniques tout au long de ses livres et films). Kobayashi poursuit en suggérant que Ueshiba pouvait vraiment accomplir une telle technique, alors que les élèves ne pouvaient simplement qu’imiter la forme extérieure. Revenant à Ueshiba déboulant dans le dojo, criant « Ce n’est pas mon aikido », et revenant aussi à Iwama, avec ses répétitions de ikkyo et nikkyo et suwariwaza kokyû-ho, il est possible qu’Ueshiba était frustré par la tentative de faire techniques « aiki » sans entrainement aux Tanren suffisant, spécialement kasudori. Voir les traductions de Chris Li de trois entretiens de Kobayashi sur son blog – http://www.aikidosangenkai.org/blog/
[30] Est-il donc possible que l’expression, « il n’y a pas de victoire et de défaite en aikido » ai un sens tout différent de la norme, « nous avons dépassé la concurrence » ? Serait-ce, en fait, un indice sur la façon de pratiquer, non pas avec de la collusion dans l’accomplissement du waza, mais un travail commun pour forger mutuellement un « corps aiki » ?
[31] Amdur, Ellis, Dueling with Osensei: Grappling with the Myth of the Warrior-Sage, chapitre 5
[32] Amdur, Ellis, Dueling with Osensei, pp., 103 -110
[33] Je dois noter qu’il y a une autre version moins attrayante du paradigme uke-nage conventionnel : que les enseignants qui se plient plus dévotement à celle-ci pratiquent une sorte d’ homme-suburi, leur uke (étudiants) répondant sans plus d’intelligence qu’un bokuto. Sans aucun doute, cela développera un type particulier de compétences pour l’enseignant – et je peux penser à plusieurs qui sont devenus brillants en utilisant cette méthode. Cependant, c’est mon avis qu’une telle méthode de formation est de loin inférieure à l’échange plus dynamique lorsque les deux personnes étudient à la fois et consciemment la technique et l’aiki. En outre, celà exige que l’on s’élève en quelque sorte vers le haut pour avoir la possibilité de pratiquer d’une telle manière, et peut-être plus important encore, celà nécessite une déconnection fondamental de l’humanité des partenaires d’entraînement de chacun.
[34] Pour donner un exemple de cela, un de mes amis, un instructeur d’aïkido, a reçu un visiteur occasionnel à son dojo d’aïkido, un membre de la Takumakai, résidant actuellement aux Etats-Unis. Cet homme pratique tranquillement avec n’importe qui dans le dojo et à des stages ouverts, encore une fois, s’entraîne avec n’importe qui, même des débutants, et accepte leur instruction de 5e kyu sur l’aïkido correct avec sérénité. Mon ami est le seul qui connaît son rang et ses capacités, et quand il lui a demandé pourquoi il accepte la pratique de bas niveau, ainsi que l’instruction de tout le monde, sa réponse est qu’il est en mesure de pratiquer ce qu’il lui est nécessaire avec tout le monde.
[35] Cet essai a eu un certain nombre de lecteurs critiques. Comme d’habitude, je ne les indique pas à moins que je ne les cite directement, avec leur permission, car je ne veux pas exiger de quiconque qu’ils répondent à mes opinions. Je dois noter qu’un lecteur critique a été plutôt dissatisfait de l’ensemble parce que je ne suis pas allé dans les détails sur les critères spécifiques pour un entrainement interne efficace. Ce n’était pas mon but. Il s’agit plutôt, d’aider à esquisser un modèle d’entrainement au sein de l’aïkido dans lequel on n’a pas à quitter l’art, tel qu’il existe, tout en entreprenant une formation en aiki. En outre, étant un débutant dans ce type d’entrainement, pourquoi m’écouter sur le « comment faire » quand il y a un certain nombre d’ experts qui enseignent à la fois dans des dojos et des stages et qui peuvent expliquer ces compétences à partir de positions d’autorité. Mis à part les groupes d’entrainement et workshops, je vous recommande les essais de Mike Sigman sur son blog et les articles de Zhang Yun pour vous fournir des descriptions claires des niveaux d’introduction d’une tel entrainement.
_______________________________________________
Ellis Amdur est un instructeur licencié ( Shihan ) en deux Koryu : Araki-ryu Torite Kogusoku et Toda-ha Buko- ryu Naginatajutsu. Sa carrière d’arts martiaux est d’environ 40 années – en plus des Koryu, il s’est entrainé dans un certain nombre d’autres arts de combat, y compris le muay thai, le judo, l’aïkido et le xingyi.
Un expert reconnu dans les traditions martiales japonaises classiques et modernes, il est l’auteur de trois livres et un DVD pédagogique sur ce sujet. Le plus récent est Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei’s Power.
Des Informations au sujet de ses publications sur les arts martiaux, ainsi que d’autres livres sur l’intervention de crise peut être consulté sur son site : Edgework
[…] Aikido et entrainement à la puissance interne […]