Régulièrement, des projets sortent de la communauté martiale pour en faire la promotion : revues, sites, chaines ou vidéos. Il est bien plus rare qu’un projet concerne les anciennes traditions. Lorsque des arts modernes animent les média dans une lutte contre les dernières créations du sport martial (comme le mma), rare est de trouver un projet visant à transmettre les traditions anciennes pour ce qu’elles sont (ni de la self-defense, ni un sport).
The Sun’s shadow a pour but de documenter l’art du sabre japonais et son Histoire au travers ses artisans américains. Le sabre japonais est particulièrement marqué par l’hyper-représentation dans tout type de média, au point de masquer la réalité de son Histoire, son process de forge ou la culture martiale autour de cette arme. Ce documentaire se veut au contraire un « voyage captivant sans sensationnalisme ni hyperbole inutile, offrant au public une véritable compréhension de la nature pure de Nihonto » (sabre japonais).
A cette fin, les producteurs sont notamment allés filmer sensei Threadgill au hombu dojo. S’il faudra attendre la sortie du documentaire pour en avoir le contenu complet, voici un extrait de la partie sur le Takamura ha Shindo Yoshin ryu, reflétant notre travail de préservation d’une tradition ancienne:
Cerise sur le gâteau, c’est aussi l’occasion d’apprécier un kata de kenjutsu de notre école : Issoku no Zume, que vous trouverez sur cette page : The Sun’s shadow (page de financement participatif).
Comme tout projet qui se veut un peu professionnel, il nécessite un budget conséquent. Leurs auteurs ont donc monté une campagne participative Indiegogo, qui, à l’heure où j’écris ces lignes, a atteint les 37 % du budget minimum. Il reste quelques jours pour contribuer à ce trop rare projet.
Souvenons que si les films de Bruce Lee ont alimenté tout un public il y a 50 ans, nous avions aussi des documentaires plus profond comme « Les arts martiaux du Japon ou L’esprit du budo » (1971) de Michel Random. Revenu de son voyage au Japon (1968), il partagea au public français ses rencontres dans les dojo japonais, à la source de ces arts. Pour ceux qui n’ont pas connu cette époque (je ne connaitrais que la période suivante) : la pratique était souvent faite des livres et bouts de films que l’on pouvait s’échanger quand on avait pas la chance d’avoir un pionnier allé au Japon ou un maître japonais diffusant son savoir à l’étranger. Les informations n’étaient pas si simples à trouver, les écoles bien souvent méconnues en dehors de grands standards (kung fu, judo, …) et encore assez fermées aux occidentaux.
« L’esprit du budo » a, j’en suis sûr, poussé des pratiquants à explorer les voies martiales et les approfondir, permettant à ces dernières de subsister. Aujourd’hui, plus encore que lors des années 60 ou 80, il est nécessaire de diffuser auprès de tous une image authentique de ce que sont les arts martiaux traditionnels et pourquoi ils méritent d’être préservés, car l’ultra diffusion moderne (internet / développement de masse) si elle permet un accès à l’information, ne rend pas l’information de meilleure qualité. Les pratiques de mma ou autres assimilées, de part leur surexposition, donnent une image faussée des arts martiaux. Ce type de documentaire est nécessaire pour montrer la responsabilité qu’a la communauté des kobudo dans la préservation de leurs arts, et il faut se réjouir qu’un oeil avisé derrière la caméra puisse transmettre de façon précise le dévouement des pratiquants de kobudo.
A nous aussi, pratiquants, de supporter ce type d’initiatives.
Campagne de financement : Indiegogo
Page facebook : The Sun’s shadow
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