Régulièrement je reçois l’email de personnes souhaitant savoir si je donne des cours de self-defense. Ma réponse reste toujours la même, que ce soit lorsque je pratiquais l’Aikido ou aujourd’hui que je me consacre au Shindo Yoshin ryu : non. Que l’on puisse adapter les techniques pour un cadre de self-defense : oui, que ce soit un cours de self-defense : non.
Je crois qu’il vaut mieux être clair et que la personne sache ce qu’elle ne trouvera pas dans mon cours. Bien sûr les techniques et principes peuvent s’appliquer dans une situation de conflit, c’est même leur essence première. Mais ce que l’on met derrière le terme self-defense n’est pas le combat sur un champ de bataille voire le duel où les deux protagonistes cherchent à en découdre et vaincre l’autre.
La self-defense suppose une situation fortement déséquilibrée (un agresseur et un agressé – le plus souvent surpris par l’agression) où l’agressé cherche à mettre fin au conflit (pas forcément dans sa phase physique d’ailleurs) en limitant les dégâts : la désescalade, la fuite, l’évitement du conflit devraient donc être un soucis de tout instant, et le combat à proprement parler une option de dernier recours dont on cherchera à sortir; le tout dans un cadre législatif spécifique à chaque pays (ce qui suppose aussi de connaitre les conséquences de nos actes, dès la phase amont).
Bien sûr, la partie physique / combat de la pratique peut tout à fait être mise en oeuvre (du moment que l’on reste dans le cadre légale) pour se défendre. Mais c’est passer à côté d’une grande part de la self-defense : tout ce qui en amont du conflit évitera à une personne de se retrouver dans la pire des situations, une agression physique subie avec un rapport de force (ou de domination) très favorable à l’agresseur. J’ai vu/eu le droit à trop de cours estampillés self-defense qui proposaient aux personnes des tricks (astuces en français) pour renverser une situation physique… Trop de situations où, si je jouais l’agresseur déterminé (ma corpulence me place souvent en faveur dans le conflit), ces tricks ne fonctionnaient juste pas (la douleur se gère, la détermination pèse aussi lourdement dans l’équation).
Une autre point capital est que les réponses envisagées doivent pouvoir être réalisées par Mr/Me Lambda. La self-defense moderne doit pouvoir apporter quelque chose assez rapidement (prendre conscience de son environnement est une bonne étape) sans avoir à former des « warriors » pendant de nombreuses années.
Donc non, je ne donne pas de cours de self-defense; cela peut tout à fait se réaliser à partir de la pratique d’un art martial connu (karaté, judo, etc…) mais nécessite d’être adapté en terme de contenu pour vraiment répondre au cadre très large de la self-défense (pré-conflit, gestion du conflit, désescalade, cadre législatif, gestion post conflit…). Méfions-nous des cours purement « techniques » qui apprennent deux/trois trucs pour repousser un agresseur mais sont souvent juste une manière de diversifier une pratique ou toucher d’autres types de pratiquants (moins jeunes, plus féminisés bien souvent), méfions-nous aussi des « warriors » où le cardio, la musculature et une boxe pieds/poings répondraient au contexte de la self-defense.
Et de notre côté, professeurs, soyons clairs sur ce que nous proposons, pas du body-cardio-self-defense-competition-spirituel-budo.
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