A quoi tient la transmission (et la survie) d’une koryu ? Récemment la page facebook du dojo a dépassé les 300 « like », une notion tout à fait moderne d’une popularité relative (et virtuelle). Bref 300 c’est rien sur facebook, mais c’est déjà 30 fois plus que le nombre d’adhérents du dojo en question. Oui, pour ceux qui ne connaîtraient pas les koryu c’est une taille déjà conséquente pour le dojo d’un instructeur.
Ne soyez pas pas surpris s’il y règne une atmosphère familiale entre ses membres : tout le monde se connait et partage des moments qui vont au delà du tatami. C’est une relation à la fois sérieuse et relâchée, aux antipodes des aboiements d’ordres rabâchés par un coach sportif. Chacun y connait sa place, pas besoin normalement d’une discipline de type militaire (ou néo-militaire) simplement une étiquette intégrée de manière naturelle.
Non la transmission dans une koryu ne tient pas du nombre. D’abord – et il faut être honnête – parce que ce ne sont pas des pratiques qui attirent le grand public : il faut de la persévérance, du dévouement, et ne pas attendre de récompense personnelle (ceinture, trophée, statut particulier…). Désolé de le dire ainsi mais les arts martiaux qui se font souvent l’apanage de la lutte contre l’ego, regroupent un nombre d’égocentriques important… (D’une je ne crois pas en ce but, et de deux, l’aspect pyramidale des arts martiaux permet bien des excès). D’autre part, les koryu nécessitent un apprentissage personnel direct avec l’enseignant, et sont donc peu adaptées à l’apprentissage de masse (vous savez les classes où les élèves en ligne répètent en permanence les mêmes mouvements de manière synchrone). Il est bien difficile pour ces écoles de faire un grand stage de masse profitable à chacun.
Au delà des explications et de la répétition, une partie de la transmission est I Shin den Shin. Cet idiome japonais peut se traduire par « coeur à coeur » ou d « âme à âme ». Je reprendrais sans rougir la définition de wikipédia : « une forme de relation interpersonnelle à travers une compréhension mutuelle tacite ». Et ce type de transmission ne peut se mettre en place que par un contact récurrent et personnel avec le professeur jusqu’à ce que la communication puisse être non verbale (développant ainsi le ressenti et la perception).
Alors à quoi tient la survie des koryu ? Peut-être à une poignée de passionnés dans différents endroits du monde qui ont à coeur de faire vivre ces écoles, en apprendre les traditions et les transmettre à des personnes partageant les mêmes motivations.
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