
Shinkage-ryū Hyōhō Mokuroku no koto par Yagyū Sekishūsai
Les koryu sont connues pour porter une grande attention à leur lignée, suscitant parfois l’incompréhension des pratiquants de disciplines plus récentes. Cette incompréhension est d’autant plus importante lorsque des pratiquants de gendai budo ou de sports martiaux diffusent des vidéos ou des informations erronées sur une ancienne école. Ainsi il n’est pas rare de lire sur internet des publicités pour untel ou tel autre, N dan, soke, great master de l’école X-ryu – école tout à fait réelle, appelons-la Sappukei ryu – et n’ayant pourtant reçu aucune transmission de l’école Sappukei. Lorsque les pratiquants de longue date de la Sappukei ou d’arts en relation avec cette école dénoncent la tromperie, la réponse est souvent cinglante : « qui êtes-vous pour décider de qui est légitime ou pas ? » et la suite de la conversation s’oriente invariablement vers une rhétorique assez simpliste du type « moi je respecte toutes les écoles, je ne me permets pas de critiquer ».
Bon, passons tout de suite sur ce dernier argument, révélateur de la cécité de celui qui l’emploie en se cachant derrière un paravent de « valeurs ». Je suis désolé mais justement cette propension à accepter le frauduleux, promouvoir les falsifications (rarement involontaires), dénote d’un cruel manque d’honnêteté et d’un compas moral biaisé.
Cela est vrai aussi lorsque l’on diffuse des vidéos techniques libellées seppukei ryu alors que le démonstrateur n’est pas affilié et reconnu par cette école. Nommer ainsi ces techniques qui ne répondent pas au standard de l’école voire ne correspondent à rien, ternit l’image et la réputation de l’école; c’est aussi une tromperie diffusée au public (qui n’a pas forcément les connaissances pour délier le vrai du faux).
Les écoles ont une histoire. Elles ont été passées de maître à élève de génération en génération par une pratique assidue. Leurs membres poursuivent une tache sans fin, protégeant et conservant des traditions familiales de part les vicissitudes du temps. Nombre de ces écoles intègrent des rites d’acceptation comme le keppan où en shindo yoshin ryu le pratiquant s’engage à faire de son mieux pour conserver les traditions et la réputation de l’école et de ses fondateurs. Lorsque l’on prend part à un processus qui nécessite un engagement fort et qui se poursuit sur plusieurs générations et siècles, il n’est pas difficile de comprendre que les vidéos qui nomment un ensemble de techniques piochées dans diverses disciplines (souvent judo, karaté et aïkido) sous le sigle d’une école authentique et reconnue, suscitent bien plus qu’un haussement de sourcils.
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