
Dojo au sanctuaire de Kashima. source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kashimadojo.jpg
Le shintoïsme et ses traditions sont souvent présents dans les arts martiaux traditionnels classiques comme un élément intrinsèque de cette culture. Parmi les fondations du shintoïsme on peut citer la nature et les kami. Les kami sont des divinités représentées aussi bien par des éléments de la nature, des animaux, des forces physiques/naturelles ou l’esprit de personnes décédées… Chaque sanctuaire shinto renferme ainsi une relique ou un objet (souvent un ofuda) représentant le kami du temple.
Parmi les innombrables kami, Takemikazuchi-no-mikoto, patron des arts martiaux classiques et divinté de la guerre relève d’un intérêt tout particulier pour nos traditions martiales. D’après la mythologie shintoïste, Takemikazuchi-no-mikoto est né du sang adhérant à la lame qu’utilisa Izanagi no Mikoto pour tuer le kami du feu Kagutsuchi. Takemikazuchi-no-mikoto fut envoyé dans le Ashihara no Nakatsukuni, le Pays du Milieu, c’est-à-dire sur Terre au Japon (plus littéralement entre les cieux et l’enfer), avec Futsunushi no kami (kami tutelaire du sanctuaire Katori) pour vaincre les divinités terrestres d’après le Nihon shoki (« Chroniques du Japon », 720). Le Kojiki, texte plus ancien (« Chronique des faits anciens » – 712), cite Ame-no-torifune comme partenaire dans cette expédition (un bateau-oiseau, utilisé comme moyen de transport entre les cieux et la terre). La légende dit aussi que Takemikazuchi-no-mikoto envoya à l’empereur Jimmu (fondateur mythique du Japon) son épée Futsu-no-mitama pour l’aider dans sa victoire. En raison de son lien avec le sabre, Takemikazuchi-no-mikoto est considéré comme un patron des arts martiaux classiques.
Le célèbre sanctuaire de Kashima vénère Takemikazuchi-no-mikoto et conserve comme relique une vieille épée droite datant du 5e siècle (époque Heian) visible par les visiteurs. Il est aussi le lieu de création et de diffusion d’arts du sabre à la base de nombreux styles comme son sanctuaire voisin, celui de Katori qui vénère lui Futsunuchi, kami des épées et un des principaux généraux d’Amaterasu.
Le Kashima-jingu fut établi en -600. Pendant la période Heian, le kashima-jingu, le katori-jingu et le ise-jingu (où Amaterasu, déesse du soleil, est consacrée), avaient un status impérial et reçoivent tous les 6 ans des présents de l’empereur. Ils étaient tous trois démolis et reconstruits tous les 20 ans. Les deux sanctuaires de Kashima et Katori sont restés si proches qu’il était de coutume de faire un pèlerinage d’un sanctuaire à l’autre avant de partir au combat.
Si le sanctuaire Katori est célèbre pour l’école Tenshin Shoden Katori Shinto ryu, le Kashima jingu est lui aussi associé à des écoles de sabre : le Kashima shin-ryu (Takemikazuchi-no-mikoto aurait révélé à son fondateur les techniques de « l’épée de Kashima ») et le Kashima Shintō-ryū (fondée par Tsukahara Bokuden, étudiant du katori shinto ryu qui après un parcours initiatique pour améliorer ses techniques auraient reçu une révélation de Takemikazuchi-no-mikoto à Kashima) ou encore le Kashima shinden jikishinkage ryu qui descendrait des styles pratiqués dans la région de Kashima, notamment les Shinkage ryu et Kage ryu.
Les deux sanctuaires séparés de 18 km par la route, furent le berceau de traditions de sabre dont héritent de nombreuses écoles, ils sont encore aujourd’hui des lieux de pèlerinage et d’importance pour les kenjutsuka du monde entier.
démonstration de Kashima jikishinkage ryu (qui a influencé le kenjutsu du shindo yoshin ryu) au Kashima-jingu
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