Dans deux mois, le Kaicho de l’école – Tobin Threadgill – viendra en France pour le premier stage de Takamura ha Shindo Yoshin ryu. Si sensei Threadgill est connu dans le milieu des budo pour avoir participer à de nombreux événements tels les aikiexpo organisés par Stanley Pranin, il est assez rare pour un koryu (école ancienne japonaise) de réaliser des stages publiques.
Chaque année il participe à Londres à un stage mixte avec sensei Mustard, 8e Dan de Yoshinkan Aikido, autour des principes du budo. C’est l’un des rares stages où le public européen peut découvrir l’école et sa pratique, voici un extrait de ce qu’en disait Léon, un pratiquant français d’aikido :
Threadgill enchaînera le cours suivant avec la même démonstration (implacable). Il nous donne un exercice ou l’on résiste à la poussée du partenaire alors qu’on a les deux pieds parallèles au sol, sans se pencher en avant, sans muscles, sans rien. (…)
Suivent dans la journée toute une série d’explications, d’exercices qui démontrent tous que la force est inutile, que tout est affaire de connection, d’angles, de prise de centre, etc. On le savait mais je découvre d’autres angles, d’autres entrées, d’autres astuces, j’ai dit astuces? non d’autres possibilités. Je dis astuces parce que souvent ça pourrait tourner à l’illusionnisme si le fond n’était pas aussi joyeusement fondamental. J’ai beaucoup aimé cette démonstration de Threadgill qui montrait que dès qu’on met une crispation l’autre nous massacre alors que, si on est relax, dès qu’il nous touche, il est déjà dans le déséquilibre, sa structure est prise, c’est déjà fini. Je prends sa structure en me connectant et c’est lui qui court après son équilibre. Et de le démontrer encore et encore. Limpide.
Léon, lien vers le compte-rendu complet
A cette décontraction est associée une gestion précise des connections/déconnections travaillée notamment dans le nairiki no gyo ainsi que dans l’ensemble des kata de l’école.
Placements, précision des mouvements, importance des atemis, conditions de création des déséquilibres… Un travail d’horloger du budo qui m’avait déjà bien plu.
Lorsque je relis ces témoignages je me souviens de mes propres premières impressions de stage. Je crois que la participation à des stages peut avoir plusieurs intérêts mais doit toujours être guidée par la curiosité. Les conséquences sont variées, parfois on découvre (comme je l’ai fait) une nouvelle voie à suivre, d’autres fois cela nous permet d’appréhender des principes communs sous un autre angle d’approche, renouvelant notre compréhension.

Magie ?… Non, structure. (photo de Swiss Wadokai Karatedo Renmei, lors d’un stage en Suisse en 2011)
Bien exécutée, une technique de jujutsu peut paraitre « magique » (un bon jujutsu parait faux à l’oeil extérieur – sensei Takamura). Certains s’appuieront dessus pour mystifier les pratiquants, au contraire sensei Threadgill insiste sur le fait qu’il n’y a rien de magique, juste une utilisation fine du corps. Comme l’indique Léon :
Rien de magique là-dedans, que de la prise de conscience, du travail (bocou, bocou et encore un peu plus), une sorte de connaissance en action, réfléchie et surtout calme…
J’ai souvent entendu sensei dire que ce contrôle ciselé du corps, cette finesse biomécanique, prenait toute son ampleur au sabre. Au fur et à mesure de mes progrès en kenjutsu, je m’en rends progressivement compte.
L’application fine d’un waza est beaucoup moins décisive dans l’application à mains nues que dans un art comme le kenjutsu. Sensei Takamura soulignait souvent que l’application fine du jujutsu avait plus de valeur comme une étude de la mécanique corporelle avancée et de la manipulation mentale que comme une technique de taijutsu pratique. Parfois, une entrée d’abord fine ou une feinte sophistiquée peuvent entraîner une application destructrice d’une technique de jujutsu classique, cependant, c’est avec une arme tranchante que ce waza très fin démontre vraiment sa supériorité. Si je peux tromper mon adversaire grâce à l’application fine de la technique de kenjutsu, une épée aiguisée devient décisive d’une manière que les projections ou les frappes ne peuvent pas.
Tobin Threadgill
Il est assez rare d’avoir l’occasion de pratiquer le kenjutsu de notre école lors de stages publiques. Les participants venant d’horizons très variés (judo, aikido, karaté, ninjutsu, etc…), le sabre n’est pas toujours une pratique partagée par tous.
Mais lors du stage du 7-8 mai, les budoka devraient pouvoir goûter au kenjutsu du TSYR et percevoir comment les principes et techniques de taijutsu se retrouvent aussi dans la pratique du sabre pour former un sogo bujutsu cohérrent (système martial complet).
Informations : stage du 7 et 8 mai 2016
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