Le Shindo Yoshin ryu est un parent du karaté wado ryu. Bien qu’issu du karaté Shotokan, son fondateur Hironori Otsuka incorpora dans son karaté ses connaissances en Shindo Yoshin ryu, faisant du wado ryu le premier karaté spécifiquement japonais. Il est intéressant de voir comment le kata, élément central des nihon koryu, est justement traité différemment par les arts d’Okinawa et ceux du Japon.
Le sens du kata dans le karaté wado ryu
Par Tobin Threadgill, permission exclusive pour la traduction.
Les wadoka peu familiers avec les nihon koryu associent souvent le mot kata avec le budo d’Okinawa. Par conséquent, le « kata » est considéré principalement comme une pratique en solitaire où des mouvements spécifiques sont reliés dans une longue série de gestes cohérrents.
Voilà pourquoi les enseignants comme moi, familiers avec les koryu japonais voient le Wado ryu comme un art tout à fait distinct de l’Okinawa-Te et regardent de travers un wadoka qui mentionne les bunkai. De notre point de vue les bunkai n’appartiennent pas vraiment au Wado ryu parce que la pédagogie est complètement différente [de celle de l’Okinawa-te]. Nous ne sommes pas préoccupés par les bunkai parce que tous les kata s’effectuent à deux aussi les bunkai ne sont pas pertinents. Le Wado apparaît déroutant car de l’extérieur, il semble que les kata solo incorporés directement du budo d’Okinawa fassent partie du programme d’études. Ce que la plupart des wadoka ne réalisent pas ou n’ont jamais appris est que les « entrailles » des kata solo d’Okinawa étudiés dans le Wado ryu ont été modifiées pour refléter une pédagogie plus proche de celle des Nihon koryu. Ainsi kaisetsu et non bunkai.
Des exercices similaires au kata solo d’Okinawa sont très rares, voire inexistants dans la plupart des nihon koryu, mais quand ils sont présents ils ne comprennent pas de bunkai parce que leur but est lié à la mécanique du corps, non au combat. Pour rendre les choses confuses tout en y faisant allusion, un kanji différent est utilisé pour représenter ces exercices en solo dans les koryu, prononcé plus fréquemment « gyo » (comme dans « ningyo » signifiant poupée et se traduisant littéralement par « forme humaine »), mais peut également être prononcé « kata ». Ceux qui connaissent mal le japonais ne discernent pas la différence entre kata et kata, alors qu’un japonais lisant les différents kanji comprendra que Gyo / Kata 形 (en nihon koryu) implique la forme ou l’apparence, alors que « Kei / Kata » 型 implique un outil plus large défini comme un modèle ou un prototype.
Aussi ….. Quand quelqu’un commence à dire que les tantodori ou idori ne sont pas vraiment des kata mais des bunkai ou des applications, cela m’indique qu’ils ont « Okinawa-isé » leur compréhension du Wado-ryu. Plus précisément, ils définissent le « kata » à la manière de l’Okinawa-Te, pas des nihon koryu, ce qui devrait être le cas dans le Wado-ryu.
Les Gyo / Kata dans le Shindo Yoshin Ryu sont des études approfondies de la biomécanique du corps et du mouvement. Les Kai / Kata sont eux tous pratiqués à deux et sont des études très profondes de la technique, du mental et des tactiques. Les deux sont beaucoup plus profonds que ce que la plupart des gens n’en viennent jamais à réaliser ou à apprécier. En tant que budoka de koryu, je peux dire sans réserve que les kihon kumite du wado-ryu ne sont définitivement PAS des applications mais des Kei / Kata créés à la manière de la pédagogie des nihon koryu.
Bonsoir Nicolas.
Je suis entièrement d’accord avec ce qui est affirmé par Toby Threadgill. C’est ce que j’enseigne à mes élèves au sujet de Kihon Kumité et de Tanto Dori. Et quand j’ai vu la vidéo de la démonstration de Toby Threadgill à l’ Aiki Expo de 2003, les liens entre le Shindo Yoshin Ryu et les Kihon Kumité du Wado Ryu m’ont parus évidents.
Cordialement.
Dureisseix Jean Luc
Bonsoir Jean-Luc,
Merci de votre lecture. J’apprends à connaître le karaté wado-ryu depuis que j’étudie le shindo yoshin ryu, et Tobin Threadgill insiste bien sur ce sens du kata qu’a intégré Otsuka sensei dans son karaté.
Cordialement,
Nicolas