Il est rare que j’achète une seconde édition, pourtant avec « Old school » d’Ellis Amdur je n’ai pas hésité un instant. « Old school » première édition est sorti il y a déjà quelques années et traduit en français sous le titre « Traditions martiales » chez Budo Editions. Cette nouvelle édition est enrichie de 6 nouveaux chapitres, soit plus d’une centaine de pages.
Ellis Amdur est un pratiquant des arts martiaux asiatiques depuis 1960 et n’hésitant pas à aller vivre sa passion au Japon. Il est aujourd’hui instructeur dans deux anciennes écoles japonaises : l’Araki ryu et le Toda-ha buko ryu dont il donna une démonstration en 2013 lors de la nuit des arts martiaux traditionnels (vidéo d’Araki ryu, vidéo de Toda-ha buko ryu). Il a écrit plusieurs livres sur les arts martiaux dont Old school, Hidden in Plain Sight ou encore Duelling with O-sensei mais aussi sur la de-escalation de conflit (voir le site d’Ellis Amdur).
Old school nous plonge dans le contexte des écoles japonaises antérieures à l’époque moderne, des écoles enseignant le maniement des armes pour les guerriers et transmises de génération en génération.
Dans la première partie, Ellis Amdur traite de la tradition de 3 anciennes écoles bien connues des pratiquants de koryu : le Katori Shinto ryu, le Maniwa nen-ryu et Higo Ko-ryu. Décrivant succinctement leur historique, il donne une idée de la spécificité – du feeling – de chacune de ces traditions.
La deuxième partie est consacrée aux armes : le naginata, le chigikiri, et la fameuse kusarigama (la faucille reliée à une chaîne).
La troisième partie développe l’histoire et les traditions, ainsi celles de l’Araki ryu et du Tendo ryu sont détaillées mais aussi la présence des femmes-guerrières dans le japon médiéval.
La quatrième partie, entièrement nouvelle, traite des écoles à l’époque Edo et de l’évolution des koryu. Une époque qui vit fleurir notamment les écoles de jujutsu dans un contexte de paix totalitaire. C’est aussi la période lors de laquelle nait l’école Shindo yoshin ryu et tout un chapitre détaille les différentes factions de Yoshin ryu dont elle est issue.
Cette section particulièrement intéressante relativise l’aspect statique, figé dans le temps, que l’on associe souvent aux anciennes écoles japonaises, exposant comment les traditions martiales se tournèrent de plus en plus vers les non guerriers dès l’époque Edo, concomitamment (et avant l’époque moderne) avec l’apparition de la compétition sportive (un chapitre est dédié à cette transformation de la pratique).
L’école Katori shinto ryu, traitée en première partie – souvent citée en modèle pour la conservation de ses traditions – sert ici d’exemple pour évoquer la création de branches dans une succession linéaire et l’ensemencement du savoir initial. L’école Takamua ha Shindo Yoshin ryu y est un autre exemple de passage du savoir ancien dans un monde plus moderne et une adaptation de son organisation pour préserver cet héritage.
Enfin la dernière partie « Sinew of the classical martial traditions », traite de deux aspects visant à fortifier la transmission de ces anciennes traditions : l’aspect ésotérique de la pratique (shintoïsme, taoïsme, mikkyo, shugendo et néo-confucianisme) et le keppan, un serment de sang utilisé pour contrôler le lien de l’élève à l’école (sujet présent dans la première édition).
Pour les pratiquants des écoles classiques et leurs héritières, il est des livres à posséder tels les ouvrages de Donn Draeger ou encore la série Classical Warrior Traditions of Japan éditée par Diane Skoss (pour ne citer que les livres de langue anglaise), « Old school » en fait définitivement partie.
« Old school » saura aussi séduire les pratiquants de budo et les passionnés d’arts martiaux japonnais en offrant un large éclairage sur les traditions guerrières japonaises et leur évolution, dont naitront plus tard les budo modernes.
Pour commander la seconde édition de Old School : Freelance Academy Press.
Quelques articles d’Ellis Amdur traduit sur ce site :
Ellis Amdur nous fait l’élan de sa recherche martiale. Ce livre est édifiant, de par sa richesse sur les traditions martiales et ses intrications techniques, fonctionnelles et politiques.
En tant que pratiquant de Katori shinto ryu, je n’ai pu qu’être impressionné et reconnaissant face à son analyse, lui, en tant que non pratiquant, qu’il défini comme un « cadeau ».
Son regard (nouveau) sur l’illusion de l’immuabilité d’une tradition martiale engage à reconsidérer certaines conclusions de Donn F. Draeger.
Un nouvel angle de vision ; une nouvelle source.
Effectivement c’est un livre qui redessine le carcan très rigide laissé par le pionnier Donn F. Draeger. Il permet, je pense, d’avoir une approche plus nuancée des traditions et de leur transmission.