Suite et fin de la série de Peter Boylan sur 3 principes essentiels du budo. Aujourd’hui, le timing.
Les principes les plus essentiels en Budo: Le timing
Par Peter Boylan. Avec sa permission exclusive pour la traduction. Article original : http://budobum.blogspot.jp/2014/08/the-most-essential-principles-in-budo.html.
Auparavant, j’ai écrit au sujet de la structure et de l’espace. Étroitement liés et entrelacés avec l’espace est le timing. Le timing est l’ingrédient subtil qui donne l’impression que la structure et la gestion du ma’ai fonctionnent comme par magie. Si vous avez une bonne structure et un bon contrôle de l’espace, vous êtes bon et vous pouvez être très efficace. Pour être très bon, vous devez maîtriser le timing…
Le timing est ce qui rend cette incroyable technique du Shinkage Ryu et d’autres styles où tachi coupe à travers l’épée qui attaque et dans la tête de l’adversaire tout en déviant l’épée de l’adversaire de la cible vers un endroit inefficace. Trop tôt et l’adversaire esquive et contre-attaque tout simplement. Trop tard et l’épée de l’adversaire coupe droit à travers vous. Il y a une fenêtre d’une fraction de seconde dans laquelle cela marche. La même chose est vraie du coup d’arrêt dans le Shinto Muso Ryu. Trop tôt et l’adversaire esquive facilement. Trop tard et la coupe va atteindre votre bras avant votre attaque n’ai eu aucun effet.
La coup d’arrêt est à 00:16
Toute une série de techniques qui nécessite un timing parfait au judo est le balayage de pied comme de ashi harai. Une fois fait correctement, uke ne remarque même pas la technique. Ils notent juste que le plancher disparaît sous leurs pieds, puis réapparaît entre leurs omoplates.
Cette technique, comme les techniques de sabre, est d’une simplicité trompeuse. Il vous suffit de balayer le pied de uke sur le côté alors qu’il se déplace. L’astuce réside dans le fait que le pied doit être balayé après qu’uke ai transféré du poids sur le pied, mais avant que le pied ne touche le sol. Le timing ici est tout. Trop tôt et il n’y a pas de poids sur le pied et le balayage a peu d’effet. Trop tard et le pied est sur le sol et solide, ce qui rend impossible le balayage.
Le timing est si important que nous n’en parlons pas souvent. Nous pratiquons juste des choses qui en ont besoin, sans vraiment nous concentrer sur la façon de le percevoir. Le bon timing est quelque chose que je suis encore entrain de développer dans ma pratique, il s’agit donc d’un travail en cours. Pour moi, la première étape pour apprendre à comprendre et à appliquer le timing est de reconnaître qu’il y a des éléments communs qui rendent certains moments optimum pour l’action, et ces éléments communs restent vrais que ce soit un art armé ou non, que vous soyez à distance de grappling, à distance de frappe de la main, à distance d’arme longue ou même emmêlé avec votre adversaire roulant sur le sol.
Un moment est optimal quand un adversaire est engagé mais pas entièrement stable. A l’épée, c’est le moment où votre partenaire a commencé à exécuter une coupe et est déjà si engagé dans sa coupe qu’il ne peut pas revenir en arrière. Ils ont engagés leur épée et leur corps dans l’attaque. Si vous esquivez simplement, ils finiront et leur corps sera de retour à un état stable alors que les deux pieds se réinstallent sur le sol et l’épée cesse de bouger. Au grappling, par exemple, cela se produit chaque fois que quelqu’un fait un pas. Chaque pas consiste à transférer votre poids vers l’avant sur un pied qui touche ensuite le sol. Vous devez transférer le poids avant que le pied soit sur le sol. Cela crée un moment où votre poids est engagé, mais pas stable. Si quelque chose arrive à cet instant, vous ne pouvez pas revenir en arrière ou vous déplacer vers l’avant facilement ou en douceur.
C’est ce moment où vous êtes vulnérable. Comprendre et reconnaître ce moment chez votre partenaire rend le bon timing possible. Si vous ne comprenez pas cela, un bon timing est juste de la chance. Apprendre à reconnaître et exploiter des moments où votre partenaire ou adversaire est vulnérable nécessite de la pratique. Il y a au moins deux façons de reconnaître quand ce moment existe.
La première façon est d’apprendre à le voir. Regardez les gens se déplacer. Commencez par regarder leurs pieds, et ensuite voyez si vous pouvez comprendre ce que leurs pieds font en regardant leurs hanches, puis essayez de comprendre où leurs pieds sont alors que vous regardez seulement leur poitrine, leurs épaules, leur tête. Finalement, vous serez en mesure de voir le changement subtil dans le corps qui se produit quand les pieds sont en mouvement et le poids est transféré au pied instable en mouvement. C’est le moment de faire quelque chose.
L’autre façon d’apprendre à reconnaître le mouvement est par le toucher. Pour citer le grand entraîneur de judo Obi Wan Kenobi, « vos yeux peuvent vous tromper ». Tout aussi mauvais, vos yeux sont également lents. Si vous êtes à portée de main, vous avez besoin de sentir ce qui se passe plus vite que vos yeux ne peuvent le faire. Vous devez être en mesure de le ressentir. J’ai passé, et continue à passer, beaucoup de temps à me promener dans le dojo avec mes yeux fermés et en touchant légèrement le bras ou l’épaule ou le revers de mon partenaire. Nous marchons et je m’entraine à maintenir la connexion et je me déplace avec mon partenaire tout en suivant exactement où sont ses pieds. Parfois, je l’atteins avec mon pied et pousse légèrement le pied de mon partenaire pendant qu’il est en l’air. C’est lorsque je sens les choses correctement. Si je ne les sens pas je pousse sur un pied qui est sur le sol et stable, ou je pousse sur un pied qui n’est pas encore engagé et s’écarte de moi (souvent dans une contre-attaque en douceur). Nous marchons avec moi affinant ma capacité à sentir le mouvement de mon partenaire et de temps en temps en poussant sur ses pieds alors qu’il s’assure que je ne percute pas quoi que ce soit. Ensuite, nous échangeons les rôles et je me promène avec mes yeux ouverts pendant qu’il essaie d’attraper mes pieds juste au bon moment.
Cela étonne les nouveaux étudiants que je puisse marcher avec mes yeux fermés et leur balayer leurs pieds. Pas de triche et pas de pouvoirs secrets. De ma main sur sa manche ou le col, je peux sentir où leurs pieds sont. Ce n’est pas un pouvoir secret. Ce n’est rien de plus que d’apprendre à utiliser davantage votre sens du toucher. Les élèves apprennent les rudiments de cette compétence remarquablement vite. En 10 minutes, la plupart des étudiants commencent à sentir les mouvements du pied, et à leur grande surprise, ils peuvent sentir le pied en mouvement de leur partenaire, même avec les yeux fermés. Sentir le bon moment pour attraper le pied se déplaçant, cela nécessite beaucoup plus de pratique. Je vous ferais savoir combien quand je pourrais le faire à chaque fois.
Dernièrement, j’ai commencé à essayer de comprendre le mouvement de mon partenaire lorsque ma capacité à toucher est prolongée par une arme. Je suis certain que c’est possible, et je peux en sentir une partie, mais je suis de retour au début de la courbe d’apprentissage avec cela. Nos armes sont croisées et je peux sentir la force et l’énergie que mon partenaire met dans l’épée ou le bâton. Tout comme quand j’étais un élève débutant de Judo, je n’arrive toujours pas à interpréter ce que je ressens. Je veux me rabattre sur mes yeux. Donc ici, je suis, une fois de plus un débutant essayant lentement de comprendre les choses, et probablement sur-intellectualisant les choses à un degré remarquable.
Le timing est simple. Attaquez quand votre adversaire n’est pas stable ou ne peut pas se déplacer pour se défendre. A distance de frappe ou d’arme, il peut s’agir de voler à quelques centimètres de ma’ai de sorte que vous pouvez attaquer plus vite qu’ils ne peuvent répondre. Quand au grappling, cela peut être de sentir le moment où leur mouvement est engagé, mais non encore stable. Rouler sur le sol nécessite un sens de l’équilibre et un engagement au moins aussi aiguë que debout.
Simple ne veut cependant pas dire facile. Simple veut dire « non compliqué ». La facilité est quelque chose que je n’ai jamais rencontré dans le dojo. Je continue à travailler le timing. Je collectionne les contusions maintenant que je m’entraine moi-même à ne pas bouger trop tôt quand quelqu’un attaque avec une arme. Je reste là à regarder venir l’épée de haut en bas et sur moi et attendre et attendre et bouger au dernier moment quand ils ne peuvent pas changer la direction de l’attaque et ne peuvent même pas l’arrêter. C’est le but de toute façon. Souvent, ce qui se passe, c’est que parfois mon cerveau reptilien hurle et je bouge trop tôt. Ou le cerveau reptilien oublie de dire quoi que ce soit et je me fais frapper à la tête tout en regardant l’épée venir.
Si je réussis le timing correctement, mes mouvements peuvent sembler presque désinvoltes parce que mon partenaire ne peut rien faire à ce sujet. Je peux me déplacer lentement et souplement comme il faut. Un bon timing signifie ne jamais avoir à se précipiter car il n’y a rien que votre partenaire puisse faire à ce sujet à ce moment. Le timing vous permet de tirer le meilleur parti de votre résistance structurelle et de votre flexibilité et vous permet d’utiliser le ma’ai que vous contrôlez avec le plus grand avantage.
C’est simple, mais pas facile. Le bon moment, c’est quand votre partenaire est engagé dans une direction et incapable de s’arrêter. Ajoutez un peu d’énergie à ce moment-là. Déplacez son pied de quelques centimètres. Ajouter un peu d’énergie dans la direction où il va déjà. Fait au bon moment, c’est dévastateur même s’il semble que vous n’ayez rien fait. Un bon timing n’est pas l’art de faire quelque chose au bon moment. Un bon timing est l’art d’être déjà là.
Bonsoir,
Timing et perception de l’intention un travail sans fond 😉
Cette vidéo découverte aujourd’hui pointe a sa façonces principes
http://www.maxisciences.com/l%e9opard/ce-leopard-a-visiblement-oublie-comment-chasser_art33334.html
Remi
Tout cela nécessite beaucoup de ressenti, que ce soit avec ou sans arme. Un très long travail…
ah….beau texte mais mais comment dire….si vidéo judo ok sur première vidéo c’est un kata donc le time ne peut être ! Et d’ailleurs sur aucun kata le time combat ne peut être ! Je l’affirme et le confirme et le prouve si il le faut quel que soit le kata de n’importe quelle école, on me le montre une fois et aprés j’assume
. J’adore ses tâtonnements, ses questions, ses ressentis, la pratique c’est ça !
Bravo à vous.
Le « time combat » je ne connais pas. Mais le timing aucun problème de le travailler sur un kata, la séquence est connue d’avance (il n’y a pas un travail de spontanéité) mais la recherche du bon instant (et non l’anticipation sachant ce qui vient) est difficile pour peu qu’uke nous pousse à la limite de notre zone de confort (cela me rappelle une autre traduction…).