Dans l’histoire du Shindo Yoshin ryu, son fondateur Katsunosuke Matsuoka a été élève du célèbre Kenkichi Sakakibara (jikishinkage ryu), et Shigheta Obata, lors de son passage à Tokyo, fut si impressionné par Sakakibara sensei qu’il suivit aussi son instruction (aux alentours de 1883). Ce dernier quitta plus tard l’enseignement du Totsuka ha Yoshin ryu, pour entrer au Shindo Yoshin ryu incorporant l’aspect plus agressif du Jikishinkage ryu de Kenkichi Sakakibara.
Notons qu’un autre pratiquant célèbre aurait été élève de Kenkichi Sakakibara en 1872 : Sokaku Takeda (Daito ryu aikijutsu et professeur de Morihei Ueshiba, créateur de l’Aikido) .
Kenkichi Sakakibara est né en 1830 dans le village d’Otshuka (dans le présent Tokyo). Il commença l’apprentissage du Jikishinkage ryu (Fujikawa-Ha) à l’âge de 13 ans sous la direction du 13e sucesseur Nobutomo Shimosanokami Odani. Le Jikishinkage ryu, de son nom complet Kashima Shinden Jikishinkage-ryū (鹿島神傳直心影流), est un art de kenjutsu issu du Shinkage ryu de Matsumoto (Sugimoto) Bizen-no-Kami (fin XIVe siècle).
En 1856 il reçoit un menkyo kaiden (licence d’enseignement) après une longue période (par rapport aux standards de l’époque). En effet Kenkichi était si pauvre qu’il ne pouvait payer les frais de l’apprentissage. Odani, son professeur, le recommanda comme assistant instructeur au Kobusho, l’école militaire ouverte par le governement Tokugawa. Deux plus tard, il devient un instructeur.
En 1863, il fait partie de la garde du château d’Edo à la fois par la recommendation de son professeur mais aussi par l’appéciation du Shogun (Iemochi Tokugawa). Iemochi Tokugawa mourrant en 1866, il démissionne de son poste et ouvre son propre dojo à Shitaya Kurumasaka dans Edo (Tokyo). Plus tard il devient capitaine de la garde de Kamenosuke Tayasu, qui serait devenu le 16e Shogun si le gouvernement Tokugawa avait survécu. Il quittera ces fonctions en 1870. Kenkichi retourne alors à son dojo de Tokyo mais les temps sont durs pour les escrimeurs avec l’abolition de la classe des samourai (et de leurs droits).
En 1871, alors que le gouvernement impose aux hommes d’abandonner l’ancienne coupe de cheveux des samourais et le port des sabres, Kenkichi conserve son chignon.
En 1873, il participe à un match ouvert au public. Un moine de la secte Jodo, impressioné par la démonstration de kenjutsu, décide de rassembler une somme avec plusieurs participants pour créer un tournoi public de Kenjutsu. Kenkichi accepte de le présider et en avril 1873 est tenu pour la première fois un Kankyo Gekkenkai (un tournoi de Kenjutsu autorisé par le gouvernement). Le tournoi est un succès et de nombreux événements identiques floraissent rapidement.
Le gouvernement s’inquietant de ce succès, et du fait que ces escrimeurs puissent être employés contre le gouvernement, il interdit ces pratiques le 31 juillet de la même année à Tokyo, pour finalement les permettre à partir de 1876. Kenkichi part alors continuer ces tournois publiques sur les routes et laissera un de ses étudiants gérer les tournois de Tokyo après 1876.
Un des derniers faits marquants de sa vie se déroule en novembre 1887. Kenkichi a alors 57 ans et participe à une démonstration de coupe de casque (Takano Sasaburo) à la maison du prince Fushimi-no-miya. Sosuke Henmi, instructeur de la Police et pratiquant de Tatsumi-ryu, ainsi que Yoshitada Umanosuke Ueda, le meilleur élève de l’école Kyoshin Meichi-ryu Yanai, échouent. Les deux virent leur sabre rebondir sur le casque. Lorsque vient le tour de Kenkichi, il arme son sabre loin en arrière, touchant quasiment son dos puis frappe le casque et l’enfonce sur environ 17 centimètres. (Note: il faut savoir que lors de ces tests, le casque est rempli de riz cuits et chaud, chauffant aussi le métal du casque. Un casque vide casserait très souvent la lame).
Kenkichi meurt le 11 septembre 1894 à l’âge de 65 ans. Certainement l’escrimeur le plus célèbre de son époque et 14e successeur du jikishinkage ryu, il laisse plusieurs élèves dont deux étrangers, Thomas McCluthie, du consulat anglais, et Erwin Von Baelz, un docteur allemand (https://surlespasdemars.wordpress.com/2013/09/30/erwin-baelz-et-le-jujutsu/). A la mort de Kenkichi, le jikishinkage ryu se divise en plusieurs branches par Teijiro Nomi, Matsudaira Yasutoshi, et Jirokichi Yamada. La branche de Jirokichi Yamada est la plus connue de nos jours.
sources :
Aikidojournal : « Famous Swordsmen of Japan (1): Kenkichi Sakakibara,” by Takefumi Hiiragi
Kenshi247.net : 26th April 1873
Kenshi247.net : thoughts on tameshigiri from famous swordsmen
Aikido journal : sword and tradition by Obata
Wikipédia, Kashima Shinden Jikishinkage ryu
Biography of Shigeta Ohbata (1863-1945)
Aikido journal : “Chronology of Sokaku Takeda,” by Stanley Pranin
Bonjour,
Le médecin Allemand en question est le fameux Erwin von Baelz qui a contre vents et marées essayé de faire comprendre aux autorités de l´époque le grand bénéfice que la jeunesse japonaise pourrait tirer de la pratique régulière du Kenjutsu (Gekiken dans les mémoires de von Baelz) et du Ju-jutsu, plus particulièrement celui de la branche Totsuka du Yoshin-ryu.
l´orthographe Bertz est incorrecte, l´origine de cette erreur est à chercher dans les publications du kodokan qui indique d´ailleurs que ce « Bertz » était un américain.
Oui effectivement j’ai lu par la suite une traduction des mémoires de von Baelz (https://surlespasdemars.wordpress.com/2013/09/30/erwin-baelz-et-le-jujutsu/), je ne me souvenais plus avoir laissé cette coquille. Merci.